sabato 2 gennaio 2010

Room with a Vesuvio

Naples est polluée, et trop souvent sale.
Naples est la ville d'Europe où la criminalité est la plus élevée, dont la prison est la plus bondée d'Europe.
Naples se trouve dans la zone géographique où il y a le plus grand risque volcanique du monde.
Naples serait l'avant-dernière ville pour la qualité de vie en Italie.

La piazza Trieste & Trento est le carrefour le plus dangereux d'Europe ; mais on n'y a toujours pas tracé de passage pour piétons.


... et pourtant, qu'est-ce que c'était bien, Napoli !


Une ville où il fait bon crécher. Celui qui ne comprend pas la fierté des Napolitains pour leur cité, c'est qu'il ne la connaît pas. La ville est un écrin poussiéreux qu'on aurait tort de ne pas vouloir ouvrir, tant il recèle de trésors. Historiques. Culturels. Scènes de Vie. Scènes de vues.
Nuages qui semblent toujours vouloir converger vers le Vésuve, en lèchent le sommet ou s'y déposent, se lovent autour du massif de la côte sorrentine, et qui en hiver au coucher du soleil forment de douces lignes jaunes qui deviennent orangées qui deviennent roses qui deviennent mauves : le plus grandiose des tableaux sur fond bleu jamais peints ! Vésuve qui montre, selon son caprice du moment, ses plis de verdure ou seulement son sommet pourpre. Que son profil semble doux les nuits de pleine lune... Comment se lasser des panoramas qui s'offrent ?

Arrivederci! Ceci est le dernier article de ce blog. J'ai parlé de la vie à Naples, trop peu des merveilles de la région. Les quelques mots qui suivent ne remplaceront pas une visite, mais il serait dommage de ne pas mentionner au moins :

  • Procida [5/5]. Paisible et authentique île de pêcheurs. S'y trouve une prison anachronique où l'on a certainement purgé des peines bien douces.
  • Ischia [4/5]. Etonnantes pierres de tuf vert, singulières enseignes mélangeant l'allemand et l'italien, inattendues maisons creusées dans la roche



  • La côte amalfitaine [7/5].Cathédrale d'Amalfi, l'une des choses les plus belles au monde qu'ait construit la main de l'homme, après la chapelle Matisse à Vence. Atrani, plus petit village d'Italie qui se laisse voir en un coup d'oeil. Ravello, visite presqu'en songe de la villa Rufolo, sur fond de coucher de soleil avec au loin la musique des joueurs de zampogna.
  • Pompei [5/5], dont on finit par oublier que c'est une ville fantôme et où l'on joue à découvrir.
  • Caserta [4,5/5]. Le jardin de ce château est si grand qu'on pourrait s'y prendre pour Alice au pays des merveilles. Il nous a fallu plus d'une heure et demie pour aller jusqu'à son extrêmité, d'où le palais royal pourtant immense paraît une maison de poupées.

domenica 27 dicembre 2009

Parole, parole, parole

En septembre dernier, les interprètes du Parlement européen sont restés bouche bée quand un député originaire de Naples s'est mis à prononcer son discours en... napolitain. Il y aurait environ 800.000 personnnes qui parlent ce vivace dialecte. La langue napolitaine est si répandue que la compagnie aérienne EasyJet a même choisi de l'utiliser pour faire ses annonces ! « Sciuri e sciure, benvegn a bord de chel vul chi EasyJet » - ça paraît facile à comprendre quand on le lit, mais pour l'oral vous reviendrez à l'examen de rattrapage.

Dépôt de bilingues. Des statistiques européennes officielles indiquent que c'est en Italie que le niveau d'apprentissage d'une langue étrangère est le plus mauvais. Cela cache le fait qu'ici à Naples, les habitants passent aisément de la langue nationale à leur langue locale. Facilité qui doit aussi expliquer pourquoi ils me comprennent quand je m'exprime en intuilien ou imitalien. Et qui fait que je ne me lasse pas de ma blague quotidienne au vendeur qui tient le kiosque du quartier, que je salue chaque matin d'un "bons journaux !".

Gymnalinguistique. Le muscle qui travaille le plus chez le Napolitain, c'est la langue. La voix est souvent rauque chez les dames. Le visage peut être à ce point expressif que lui seul pourrait suffire à comprendre. La parole s'accompagne de gestes et de mimiques. On appuie le propos par un mouvement de cou. On porte ensemble une ou deux mains, doigts et pouce tendus se touchant et dirigés vers le haut, et on bouge les avant-bras et mains de haut en bas, une ou plusieurs fois.
Et parler dans un combiné ne supprime pas la gestuelle ! En Italie, il y a 1,5 téléphone mobile en moyenne par personne. Quand on ne peut pas décrocher son second téléphone, on le passe au collègue ou au copain qui est à côté de soi.

Ah les gros mots non troppo. Dans une bouche la réalité prend une autre dimension. Au royaume de Naples est bannie toute description plate des choses :
- une personne n'est pas désolée, elle est mortificata ;
- quand ma voisine me laisse un message sur un petit papier, il commence par gentilissimo ;
- si la température chute anormalement pour tomber à + 4°, le froid est siberiano !

Ca langage à rien. Parler est un jeu ; l'important, c'est de participer. Pas étonnant que la parole donnée finisse bien souvent par devenir tout aussi volatile que la conversation qui l'accompagne.

domenica 20 dicembre 2009

Y aura-t-il de la lave à Noël ?

"Auguri di buon Natale !". La personne a sonné à la porte pour me souhaiter un joyeux Noël... et c'est tout ! Elle a ensuite descendu l'escalier avec un seau, et j'ai compris que c'était la personne qui nettoie les parties communes (je ne l'avais jamais vue jusqu'alors). J'ai été tellement surpris qu'elle n'ait pas cherché par la même occasion à me vendre un calendrier que je ne lui ai pas retourné ses voeux. Ils étaient sincères !

A Naples on croit en Dieu, en la Vierge, en Jésus, en Padre Pio, en San Gennaro, en quelques autres saints encore, au Père Noël, et que l'équipe de football sera championne. Naples est une ville profondément religieuse, et observe avec ferveur les traditions de Noël et quelques superstitions.* Elle glisse du fatalisme au Natalisme.



Chaque année, un sapin est placé au centre de la grandiose galerie Umberto, un passage commerçant au centre névralgique de la ville. Chaque année, on vient y accrocher sa lettre au Père Noël. Chaque année, le sapin est volé.**
Cette année, on l'a retrouvé dans le quartier espagnol.

Petit à petit, le sapin se remplit des papiers les plus divers. Au point qu'on est venu lui adjoindre un deuxième sapin, pour supporter le poids des commandes à Babbo Natale, des requêtes, des suppliques, et des voeux les plus divers.


Car l'albero dei desideri recueille tous les souhaits. Nombreux sont ceux de paix, de compréhension mutuelle...


Il est des papiers avec un seul voeu, d'autres qui contiennent des listes. La  tendance cette année semble être l'obtention d'un diplôme.


Ici, le signataire anonyme veut que l'équipe de football soit qualifiée pour la Coupe d'Europe. Nous sommes à Naples...


Là, un petit garçon veut un pistolet. Nous sommes à Naples...



* En attendant le 31 décembre, où il paraît que l'on jette ce dont on ne veut plus par la fenêtre !




venerdì 18 dicembre 2009

L'espace public

Sur les trottoirs les plus passants, sur les piazzette et parfois même sur le bord de la route, les vendeurs présentent leur bric-à-brac sur des étals de fortune. Si le présentoir a des pieds, les produits de la vente sont peut-être légaux. Si c'est une boîte en carton qui sert de support, c'est moins sûr. Quand le vendeur expose ses objets sur un drap, c'est pour pouvoir former en toute hâte un baluchon quand le guetteur prévient de l'arrivée de la police.*

L'espace public sert à tout et à tous. Il est le support d'activités plus ou moins parallèles. A côté de chez moi, deux garages sans enseigne exercent leur objet social sur le trottoir de 140 centimètres devant leur local qui ne pourrait faire entrer une voiture. Quand ils repeignent une pièce de carrosserie ou une carcasse de scooter, c'est contre un mur de la ville dont la couleur est désormais indéfinissable tant il a reçu d'éclats.

Sous mes fenêtres se trouve un espace de stationnement aménagé par la municipalité, dont un panneau à l'entrée indique qu'il est payant. Il l'est dans les faits... mais l'argent ne va pas à la ville de Naples. S'en "occupe" du lundi au samedi un homme à qui l'on confie ses clefs, qui range lui-même les véhicules côte à côte et optimise ainsi le stationnement. C'est "son" parking, et personne ne lui en conteste l'occupation (il est d'un fort gabarit... et peut-être protégé aussi, car la police municipale ne passe jamais par là). Dixit une amie napolitaine : "au moins, il travaille !"
Pendant ce temps, la ville de Naples est au bord de la faillite.

L'espace public sert à tout et à tous. On y trouve des chaises prêtes à accueillir le premier venu, qui peuvent aussi servir à réserver "sa" place de stationnement. On y trouve, trop souvent, des déchets. On y trouve des étendoirs pour le linge, souvent attachés par une ficelle à un volet ou à une gouttière, antivol de fortune. Dans le quartier espagnol, les vêtements des habitants du rez-de-chaussée sèchent sur le trottoir à la vue de tous.

L'espace public, c'est aussi un peu de l'espace privé de chacun : comme on vit beaucoup sur le pas de la porte, sur les balcons, sur les terrasses, comme on est constamment sous le regard des Napolitains, la frontière entre le domaine public et le chez soi est floue.

L'espace public est privatisé, mais par tous et c'est ainsi qu'il est public.


* Cela dit, l'application de la loi semble différente selon les quartiers : à Vomero, les vendeurs se replient en cas d'alerte, tandis que sur la Via Toledo, principal axe commerçant, la voiture de la Guardia di Finanza passe entre les vendeurs de sacs Vuitton contrefaits, visiblement indiffénte (ou lassée ?).

venerdì 4 dicembre 2009

Dans la vie, il y a des "o" et il y a des "a"

La pizza. La pizza napolitaine est vraiment bonne.** Ce n'est pas une légende destinée à attirer les touristes, ni un reflet de la fierté locale qui voudrait que tout ce qui est napolitain est forcément mieux puisque napolitain.

On la mange le plus souvent avec des couverts en plastique. Moins l'endroit a de lustre, et plus elle a de chances d'être bonne. Les pizzerie n'ont souvent que cette spécialité à la carte, pas de desserts à proposer, pas même de café.
La pizzeria est le lieu des mélanges sociaux : à cette table un homme seul, costume cravate et attaché-case, à côté un couple de touristes asiatiques, derrière quatre filles bling-bling qui accompagneront leur repas de bière, dont la table sera ensuite occupée par quatre types en bleu de travail plein de peinture.
Une pizza de base peut se trouver à 3 €. Un soir, pour deux belles pizze (précédées d'une entrée offerte pour nous faire patienter) et deux boissons, l'addition était de seulement 12 €. C'était dans le quartier de Sanità, dont la réputation est mauvaise mais pas la pizza : ça vaut le coup (et le coût) de prendre des risques !*


Le pizzo. Il y a la pizza que l'on partage entre amis, et il y a la part de chiffre d'affaire qu'on verse à la Camorra. Le pizzo est le nom donné à "l'impôt" versé au crime organisé pour obtenir "protection".

De temps en temps, des commerces explosent dans des petites villes près de Naples. La presse ne l'écrit pas comme cela, mais on comprend que leurs propriétaires ont refusé de payer le pizzo.
Cette semaine, un prêtre dont la paroisse se trouve dans le quartier espagnol, a fait savoir qu'on lui avait demandé le pizzo. Enième polémique dans les médias... et un homme politique local qui dit que réclamer à une église, cela ne se fait pas. Comme si l'exiger des autres était acceptable.

Toute le monde y passe : sur le marché de la via Brin, illégal mais qui a lieu tous les dimanches matin, c'est 50 à 100 € par étal, 200 € si le marchand vient avec une fourgonnette. Toute l'activité économique est visée : le club de tennis est victime de racket, le coiffeur y va de sa coupe obole, le marchand de poules met au pot,  le découpeur de volailles verse sa quote-quote-part, les discothèques payent leur écot, et les pizzerie leur part.

Et nous tous, qui vivons ici, enrichissons indirectement les clans.


* Le quartier de Sanità serait un des quartiers tenus par la mafia. Il fut en mai le théâtre d'une exécution filmée par des caméras de surveillance et diffusée il y a quelques semaines sur YouTube, ce qui a permis l'arrestation du tueur. Pas plus de sentiment d'insécurité qu'ailleurs : cela fait trois mois maintenant que je vis ici, et je ne crois pas que Naples soit plus dangereuse qu'une autre grande ville. Pour le commun des mortels.

** Mise à jour du 8/12/09 : demain, la pizza napolitaine pourrait être consacrée comme specialità tradizionale garantita au niveau européen, façon de protéger la tradition (Il Mattino)

domenica 29 novembre 2009

Football (2/2) - En avant, match !

Les Napolitains sont sympas. Les Napolitains sont prêts à aider. Les Napolitains sont chaleureux. Sauf...

Sauf quand ils reçoivent, le dimanche, 11 joueurs de football d'une équipe qui a la mauvaise idée de vouloir battre la leur.


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Le stade et la ville sont des vases communicants : le contenu de la seconde se déverse dans le premier le dimanche après-midi. Les abonnés ont rempli la tribune depuis le matin. Suivent de jeunes couples, quelques filles, et quelques familles aussi.



Ce jour-là, il y avait 55.000 spectateurs. Ce sont des mètres cube d'accessoires blanc et bleu, des kilomètres de cordes vocales, des centaines de scooters garés... C'est peut-être aussi l'un des seuls endroits de la ville où les produits vendus dans la rue ne sont pas des contrefaçons !


On baigne tellement dans le bleu-blanc qu'on pourrait finir par croire que la police a repeint ses engins pour soutenir l'équipe.



Le match a lieu à 15 heures. En prenant la parole une heure avant le coup d'envoi, le speaker provoque un effet de souffle dans le Stadio San Paolo.



Au retour, dans le train, ça discute encore plus que d'habitude. Du match bien sûr. On m'a souvent pris à témoin pour me donner mon avis, s'étonnant que je n'en ai point. Mais la discussion se tient en napolitain !

*       *
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Cela fait bientôt trois mois que je suis ici. J'ai vite appris le nom du président du club de football, mais ne connais toujours pas celui du maire de la ville !

domenica 22 novembre 2009

Football (1/2) - Y faut c' tifo !

Des scientifiques qui ont étudié l'effet placebo ont observé que partout dans le monde, les capsules bleues ont un effet tranquillisant, contrairement aux rouges qui, elles, énervent.
Partout dans le monde... sauf pour les hommes italiens. Parce que la couleur bleue est celle de l'équipe de foot nationale !*

Cette couleur est aussi celle du SSC Napoli.

Quelle que soit la saison, quelle que soit la mode, le bleu est très porté : bonnets des enfants, écharpes, t-shirts ou gilets, mais aussi vêtements plus intimes :


... ou encore habits destinés à d'autres bêtes à poils :

(Combinez caleçon et jeune chien, et vous obtenez "calchiot", qui est aussi la façon dont on dit football en italien !).

Les fans sont donc visibles quand ils sont seuls. Mais les tifosi s'affichent aussi sous leur propre bannière, sous forme de graffiti. Les murs napolitains sont régulièrement ornés des noms des groupes des supporters. Comme s'ils cherchaient symboliquement à occuper le plus de territoire. On voit en définitive plus de tags à la gloire de ces clans que pour célébrer le SSC Napoli.

A Naples, l'avant-match dure environ une semaine moins 90 minutes : dès la fin du match la ville se prépare au suivant.

[A venir : 2/2 : le match]


* "Soothing blue capsules make more effective tranquilizers than angry red ones, except among Italian men, for whom the color blue is associated with their national soccer team—Forza Azzurri!" (Wired)

giovedì 19 novembre 2009

Parabole

On sonne à la porte jeudi dernier. Ce sont deux techniciens antennistes, qui demandent s'ils peuvent regarder les antennes équipant l'immeuble : ma voisine du dessous veut en changer.
Je leur montre l'attirail ornant une partie de la terrasse : "ah non, pas celles-là !", accompagnant leur réaction d'un geste de rejet. "Trop vieilles !".

"Trop vieilles" ? Je ne comprendrai que quelques jours plus tard ce qu'ils voulaient dire par là.

A son départ, l'un des techniciens me dit qu'il voudrait bien passer la semaine prochaine avec un autre compère qui, lui, procèdera au changement d'antenne, mais ce n'est pas sûr, il faut qu'il voie, il veut savoir si je serai là, je lui dis que ça dépend quand il compte passer, alors il me propose de me glisser un papier sous la porte dimanche, si le papier est juste sous la porte c'est qu'il va passer le lundi matin mais s'il glisse le papier beaucoup plus loin que le bas de la porte c'est qu'il ne viendra pas.
Je lui suggère de m'écrire, et il convient qu'un moyen moderne de communication, c'est bien aussi.

Le dimanche, pas de message.

Le lundi matin, je suis encore en pyjama quand mon type sonne à la porte, accompagné d'un autre technicien. Ils ont à la main une boîte contenant une nouvelle parabole. Ils se dirigent vers la terrasse pour exécuter leurs hautes oeuvres.
Et là, le second, constatant probablement à ce moment que le toit se trouve au-dessus de l'immeuble, me dit : "t'as pas une échelle ?"

A Naples, les antennistes n'ont pas d'échelle.

Je lui indique un escabeau qui traîne là, en lui déconseillant de l'utiliser car il est brinquebalant. Il grimpe dessus sans même que son comparse le sécurise.

Il est resté plusieurs dizaines de minutes sur le toit, pendant que l'autre profitait de la vue (je ne peux pas lui en vouloir, je le fais souvent aussi !). Du coup, je lui ai offert un verre (et qu'on n'en profite pas pour tirer la conclusion que les Napolitains sont fainéants : au cours de la conversation il m'a dit qu'il est de Ligurie !).

J'ai profité du passage de mes voltigeurs sans accessoire pour leur demander qu'ils déplacent un câble d'antenne qui se baladait devant une fenêtre. Parce qu'on ne fixe pas les câbles ici : ils pendouillent le long des immeubles.

A la fin des opérations, j'ai vu redescendre du toit l'antenniste en chef. C'est après son départ que j'ai réalisé qu'il avait.. les mains vides ! Ici donc, on ne remplace pas les antennes. On en ajoute.

Et il y a désormais un câble supplémentaire qui descend le long du palazzo...

domenica 15 novembre 2009

Comment descendre du Vésuve ?

Dès l'arrivée à Naples, la présence massive du Vésuve fascine. Il est le compagnon de chaque visite de la ville et de sa région.

Le touriste est tenté d'en vaincre le sommet. Et se pose alors la question : comment monter le Vésuve ? L'anecdote qui suit montre que ce ne devrait pas être pas la seule question à se poser.


Comment monter sur le Vésuve ? Le Vésuve a deux sommets : Somma Vesuviana, et le Vésuve proprement dit. Le premier culmine à environ 1100 mètres, le second à 1281 ou 1282 m. Cela change selon les guides. Et aussi selon les époques : avant la fameuse éruption qui recouvrit Pompéi (et toute la région), il n'y avait qu'un seul ensemble massif, qui s'élevait à 2500 mètres. Il a explosé par étages successifs.

Sur les pentes du Vésuve, une route amène à 1017 m. Ce doit être l'une des rares voies de la région où l'on ne croise guère de scooters. Les voitures particulières ou les bus amènent leurs passagers à un petit parking à l'entrée du Parc National.* Il fut une époque où existait un funiculaire (!), dont la construction avait été célébrée par la fameuse chanson funiculi funicula.

Mario Lana... the worlds GREATEST TENOR ! - Funiculi, Funicula
Found at skreemr.com


Selon Qui Napoli, le guide bimensuel publié par l'office du tourisme de Naples, il existe deux excursions quotidiennes du volcan au départ de la ville de Naples. Après plusieurs tentatives et enquête, je suis en mesure de révéler qu'il s'agit d'une des (nombreuses) fausses informations de ce guide :~)

Des stations de train de Pompéi et Ercolano (Herculanum), il existe des bus assurant une liaison que l'on pourrait qualifier de régulière. Au départ de la première, huit à dix bus par jour sont annoncés. Au départ de la seconde, le trajet s'effectue par taxi-bus, mais on devrait plutôt l'appeler taxi-brousse : il ne part que quand il est plein.

Pour atteindre la cime, c'est cette solution que nous choisîmes. Coup de chance pour les personnes qui nous précédaient et à qui il avait été expliqué qu'ils allaient devoir attendre : en arrivant à quatre sur leurs pas, nous avons permis que la fourgonnette soit suffisamment chargée pour s'engager dans les lacets du Vésuve.

Lave-toi et marche. Une fois en haut après l'arrivée au parking, nous nous sommes engagés sur le sentier qui permet de rejoindre le cratère, et d'en longer environ la moitié. Plusieurs petites boutiques longent le chemin : il y a donc des gens qui pour rejoindre leur lieu de travail montent tous les jours sur un volcan !
On reste longtemps à observer le cratère béant et ses fumerolles. On contemple le paysage. On pique-nique... et on laisse un peu passer l'heure de rendez-vous qu'avait donné notre chauffeur pour le retour.
L'appuntamento était à 14 h 30, heure à laquelle nous étions au point le plus éloigné du parking. Nous avions estimé que la descente pouvait nous prendre une vingtaine de minutes. Mon expérience locale du respect des horaires m'ayant appris que ceux-ci sont relatifs, je m'étais dit que nous ne serions pas vraiment en retard, et que ce n'était pas la peine de courir ventre à cratère.

Notre taxi-brousse était parti sans nous attendre.


Comment descendre du Vésuve ? Notre conseil de guerre s'est tenu autour d'un café, au bar du parking (je n'ai pas fait attention à son enseigne, mais il doit certainement s'appeler Al Vesuvio). La commande fut l'occasion d'estimer avec la patronne nos chances de pouvoir redescendre.
Après notre pittoresque collation, occasion d'une discussion mi-amusée mi-consternée, C. et J. ont fait du porte-à-porte... aux autocars emmenant les groupes dont les voyages sont, eux, organisés. Pendant ce temps, O. et moi essayions petit à petit de nous décoller du très gentil monsieur qui nous faisait, dans son échoppe de cartes postales, l'historique de tous les funiculaires du Vésuve. C'est ainsi que nous avons appris qu'il a été reconstruit plusieurs fois.
Plutôt que d'attendre la prochaine reconstruction, nous avons fini par embarquer dans un car qui emmenait à Naples un groupe de touristes russes (bravo les filles !). Il n'y a donc pas que la lave qui descend le long du Vésuve, il y a aussi le slave.


La compagnie de taxi-bus qui opère la liaison s'appelle Vesuvio Express. Sa publicité vante ces services ainsi :
A y bien regarder, ils précisent bien qu'ils vous emmènent "sans problème" au Vésuve. Mais c'est vrai qu'il n'est pas écrit qu'ils vous ramènent sans difficulté.
Ah, et le prix, c'est 15 €, pas 10 comme indiqué. 15 euros l'aller, c'est du vol can même !!!


* Cette année, à l'occasion du centenaire du Giro (c'est comme le Tour de France, mais en Italie), une arrivée d'étape se faisait-là haut. C'est Carlos Sastre qui a gagné ce que l'on pourrait appeler un cratérium cycliste !

sabato 7 novembre 2009

"Voir Naples et mourir"

"Vedi Napoli e poi muori". Selon Wikipedia, les habitants utilisent cette formule (bien connue !) "pour souligner la beauté de leur ville… qu'il faut avoir vue au moins une fois dans sa vie" (pour le jeu de mots sur lequel est basée l'expression, voyez la notice Wikipedia en question).

A Naples, la mort est à tous les coins de rue :


On Naplique pas les règles. "DIVIETO DI AFFISSIONE" : sous ces petits panneaux d'acier fichés dans les murs, sur lesquels est donné l'ordre, en rouge, de ne pas afficher, on trouve... des affiches. Il s'agit de faire-part de décès.

Une grande partie de la vie se passe dans la rue ; la rue est aussi celle qui annonce, aux croisements, les nouvelles les plus tristes.

Ces affiches en noir et blanc au format A5 se trouvent souvent à côté d'autres, A4 bicolores, qui présentent des logements à la vente ou à la location.

En y réfléchissant, c'est vrai qu'il peut y avoir un rapport entre les premières et les secondes...


Trépas sans balles ? A Naples, la mort est à tous les coins de rue. Depuis mon arrivée, la presse évoque de temps à autre des assassinats par arme à feu, le plus souvent des règlements de compte entre bandes organisées. La mort d'un chef de famille est saluée par des feux d'artifice, comme il y a quelques semaines après le décès par balles d'un "parrain" tué sur son lit d'hôpital.
Scènes typiques de la vie locale ? Dans le même temps, la grippe A a plus tué à Naples (une dizaine de personnes souffrant d'autres maladies sont décédées dans la ville alors qu'elles avaient le virus).
Le taux de criminalité ici serait le plus élevé d'Europe. C'est certainement vrai, car il y a plus d'un institut médico-légal dans la ville. Mais les médecins qui y travaillent doivent aussi être beaucoup sollicités pour tous les accidents de deux roues, dont les conducteurs sans casques klaxonnent aux carrefours aveugles plutôt que d'y ralentir. A Naples, la mort est vraiment à tous les coins de rue.


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Il y a plusieurs entreprises de pompe funèbre en face du tribunal de Naples. C'est pratique.

Naplons pas un chat un chat. «Sì, hanno ucciso mio marito. Qual è il problema?» ("Oui, ils ont tué mon mari. Quel est le problème ?") : c'est ce qu'a déclaré à la presse l'épouse d'un homme abattu dans la rue, en mai dernier, dans le quartier Sanità à Naples.
C'est par les medias que l'on apprend que la loi du milieu a été mise en oeuvre. Les morts violentes qui font les titres des journaux semblent être vécues comme les autres faits divers qui font l'actualité - le problème des déchets, l'incompétence des décideurs publics, la corruption... - : avec fatalisme.

Tout l'inconscient de Naples est bâti sur le drame qui peut survenir à tout instant : la ville est au pied du Vésuve, dans la zone où le risque sismique est le plus élevé au monde. Nous sommes un million d'habitants à vivre dans une cité sur laquelle le volcan porte son ombre chaque matin.