mercoledì 30 settembre 2009

Feu à volonté

A Naples, on aime faire parler la poudre. Il est un commerce qui marche bien ici : celui des feux d'artifice. Selon les pages jaunes, il y aurait plus d'une dizaine de magasins vendant exclusivement ces explosifs. La ville ne pétarade pas seulement de scooters.

Ca tire de partout !
Il m'est arrivé d'observer trois feux d'artifice en même temps. Pas des lancers organisés par la ville dans le cadre d'une manifestation et à une heure précise, non. Des tirs anarchiques (mais il est tellement de choses ici qui peuvent recevoir ce qualificatif...) fusant des quartiers les plus peuplés, en plein milieu des habitations.
On les allume à toute heure de la nuit... et du jour ! Oui, du jour. Lundi, j'en ai observé un vers 7 heures du matin... Et samedi, d'un même lieu on en a tiré quatre ou cinq dans l'après-midi :


Les sémaphores, c'est leur fort. Dans une ville si bruyante faut-il, pour célébrer un événement, frapper fort pour couvrir le niveau sonore ambiant ? Ou alors, vivre à l'ombre du Vésuve ferait-il se développer le goût pour les éruptions diurnes ? M'étonnant de l'appétence locale pour les feux d'artifice auprès d'une habitante, celle-ci m'a confié qu'il se dit qu'il s'agirait aussi d'un moyen de communication "pour eux".

Ici on ne "les" nomme pas.

Pour avoir vu de nombreux publiphones à pièces dans toute la ville, j'en avais déduit qu'ils subsistaient pour les appels anonymes. Je me demande bien quelle peut être la signification de cette version locale des signaux de fumée. En tout cas, voilà ce qui s'appelle être de mèche !

domenica 27 settembre 2009

Pour ne pas marcher dans la combine ?


(en même temps, quand on s'affiche dans ce genre de manifestation, mieux vaut savoir courir vite !)

venerdì 25 settembre 2009

Oh l'seau est mis haut ! *

Naplus de place. A Naples, la densité d'habitants au km² est quatre fois plus élevée qu'à Paris.
Il y a donc quatre fois plus de tout, et de bruit, et de bazar. Et d'autres effets encore :
- la place manque dans les cimetières, ce qui devient un problème criant (enfin, si l'on peut dire, car les premiers intéressés restent muets) ;
- l'hébergement pour les sans-abri est presque inexistant : 180 places au total, alors que la ville compterait 1.500 mendiants (contre 1.200 en 2008...).

Vie seau-ciale. On a construit haut, dans des rues étroites, des immeubles avec balcon. Dans le Centro Storico, dans le Quartiere Spagnolo, Montesanto, et d'autres quartiers populaires encore, on ne vit pas dehors, on ne vit pas dedans. On vit sur le seuil. Variante : sur le balcon.
Les portes ou fenêtres ouvertes laissent souvent voir des intérieurs kitsch, et les postes branchés sur Télé Berlusconi.
Les enfants apostrophent les étrangers qui passent. Les adultes se contentent de les observer. Des chiens aboient, dont on ne sait s'ils sont errants ou s'ils protègent un territoire.
On se hèle de la rue au balcon, d'une maison à une autre. Et quand la parole ne suffit pas, on utilise les seaux.


Napleut à seaux. Le seau est au balcon napolitain ce que le sac à main est à la femme italienne : un accessoire traditionnel. Si dans le second cas la main au panier n'est pas recommandée, dans le premier elle est habituelle.
Ce contenant permet de monter les courses, descendre des clefs,* acheter des cigarettes de contrebande - on dépose l'argent dans le seau, et en échange le dealer y place un ou plusieurs paquets. -, etc. Il est courant de voir ces monte-charge artisanaux en action.

A Naples, le premier moyen de transport horizontal de marchandises, c'est le scooter. Verticalement, c'est le seau.

Pour une raison que je ne m'explique pas, il s'agit toujours du même modèle de seau, et de la même couleur : bleue. Est-ce parce que ce sont les couleurs du club de football ? Ou y a-t-il un cartel qui en contrôle la fabrication et la vente ?


** par deux fois déjà j'en ai récupéré par ce système, dont celle narrée ici

martedì 22 settembre 2009

Comment j'ai été embrassé par l'actrice qui a embrassé Rain Man

(mais c'était pas mouillé)

L'immeuble dans lequel se trouve mon appartement est à l'exacte limite entre le quartier résidentiel de Vomero, et le populaire Quartier Espagnol. Il fait même partie intégrante de cette limite, car il a deux entrées. De la principale, sur le Corso Vittorio Emanuele, il est possible de monter deux étages pour arriver au dernier niveau où je réside, ou d'en descendre pour déboucher sur une grille qui offre un accès direct au Quartier Espagnol.
Que l'appartement se trouve ainsi "on the edge" est une des raisons (mais pas la seule) pour lesquelles j'ai choisi de le louer. Sa singularité est aussi l'une des raisons (mais pas la seule) pour lesquelles il pourrait être bientôt le lieu de tournage d'un film, dont l'histoire est celle de l'ascension sociale d'une jeune napolitaine. Les caractéristiques de l'immeuble en font un lieu allégorique approprié.

Mon propriétaire m'avait demandé la semaine dernière si j'acceptais de recevoir quelqu'un travaillant dans le cinéma, qui souhaitait faire des repérages dans l'appart'. Je pris rendez-vous avec cette personne, que mon propriétaire m'avait présentée comme une de ses amies.

Elle arrive à l'heure dite (ce qui m'a suffisamment surpris pour que je le précise !). Alors que je l'invite à entrer, elle reste sur le palier, m'indiquant que quelqu'un d'autre l'accompagne. Elle m'explique qu'il s'agit de la réalisatrice du court-métrage en projet, qui aurait l'immeuble pour cadre.

Cette dernière me parle français quand elle arrive. Elle retire ses lunettes fumées lors des présentations. Elle s'appelle V. Sur le moment, je ne pense pas du tout qu'il est incongru d'être armée d'une telle protection solaire, alors que le temps est gris. Je propose de faire le café, m'excuse de n'avoir que deux tasses, et invite mes deux visiteuses à se déplacer librement dans l'appartement pour y faire leurs prises de vues pendant ce temps. C'est V. qui les fait, avec un iPhone. Je m'affaire en cuisine, dans le rôle du Français n'ayant que huit jours d'expérience dans l'usage d'une cafetière locale, et qui essaie de faire un espresso décent pour deux Italiennes.


Quand je sors de la cuisine, je trouve V. affalée dans le canapé. Alors que je venais de poser les biscuits et les tasses sur la table basse, elle me demande jusque quand je serai dans cet appart'. "Je gêne ?!", réponds-je en français et en rigolant.

La conversation s'engage. Alors que nous parlons du projet de film, j'apprends que ce sera la première fois que V. en réalisera un, ayant eu jusqu'ici une carrière d'actrice. Futilité de la conversation, je lui dis que c'est la première fois que je rencontre une actrice. "Et quelle actrice !", me répond-elle en italien ["una così brava attrice !"]. Je la regarde interrogatif, pas sûr d'avoir compris ce qu'elle voulait me dire. Comme elle reste muette, je viens à son secours en disant qu'il faut certainement un peu de mégalomanie pour faire ce métier. Elle agrée, ajoutant qu'il faut aussi de l'humilité, et toujours douter. Là-dessus, je dis que c'est aussi dans le cas dans mon métier, et la conversation dérive alors sur mon domaine d'activité.
L'assistante nous interrompt dans notre agréable conversation, pour rappeler qu'il y a d'autres visites programmées dans l'après-midi. Nous nous levons donc. V. me redemande jusque quand je suis dans l'appart', et me dit au revoir en me claquant la bise. Je suis un peu surpris, car je n'ai pas constaté que ce soit dans les habitudes locales.

En débarrassant la table basse après leur départ, je me rends compte que V. a oublié ses lunettes de soleil. Je m'en amuse : déjà que j'avais trouvé qu'elle me faisait un peu de rentre-dedans, alors si en plus elle laisse ici un de ses accessoires...

Je me remets au travail. En fin d'après-midi, mon propriétaire me fait signe sur Skype, et nous "chattons" rapidement. Il veut savoir si la visite a eu lieu, s'est bien passée, et m'écrit au passage "V. is a very famous actress". Une actrice célèbre ??? Comme j'ai fini par croire que tous les Napolitains exagéraient toujours un peu, j'aurais pu ne pas prêter plus attention à sa remarque. Intrigué, j'ai quand même fait une recherche sur Google.

Et c'est ainsi que j'ai découvert que V. a eu le prix de la meilleure actrice en 1986, et que je l'avais déjà vue dans... Hot Shots, et dans Rain Man !

Bon, sans maquillage, ce n'est pas la même chose... Le film a près de vingt ans, et puis je ne suis pas très physionomiste.

Tout s'explique donc ! Elle m'a fait la bise parce que dans le milieu dans lequel elle évolue, on s'embrasse à tout bout de champ, et si elle m'a fait du gringue, c'était un jeu d'actrice. Car la seule chose qui l'intéressait vraiment en définitive, c'est de savoir si l'appartement pourrait être libre pour le tournage.

Les trois Italiens à qui j'ai raconté cette histoire aujourd'hui, en ne disant à chaque fois que le prénom de l'actrice, ont tous immédiatement deviné son nom. Elle est vraiment très connue. Sauf de moi apparemment !
Sa filmographie indique qu'elle a joué dans Les lunettes d'or. En attendant d'avoir de ses nouvelles, j'ai toujours les siennes :

Bon, comme elle est célèbre, j'imagine qu'elle les a eues gratuitement. Je les mets en vente sur PriceMinister, ou il y a un amateur ?

domenica 20 settembre 2009

Mais que fait Napolice ???


Les véritables moyens de transport en commun à Naples, ce sont les scooters. On y prend place à deux, souvent trois, et parfois quatre ! Ils servent aussi à transporter des marchandises.
Les scooters ne vont pas droit(s) et les prennent tous : remontée de sens unique, progression sur les trottoirs, vitesse élevée dans les quartiers piétonniers...

En semaine, avant et après l'école, le père ou la mère emmène un ou deux enfants à bord. Quand il y a trois passagers, il est habituel de voir parmi eux un bambino. Il se trouve sur le siège entre deux adultes, ou plus souvent debout sur la plateforme, entre le conducteur et le guidon. Dans ce dernier cas cas, souvent il sourit.
Combinez les deux dernières formules, et vous mettez une famille de quatre sur un Vespa.
Le plus souvent, tout ce petit monde est sans casque [les photos qui suivent, prises en quelques minutes à un même carrefour, ne sont pas représentatives - cliquer pour agrandir] :




Le goût pour les deux-roues naît visiblement très tôt à Naples :


[sur cette dernière photo, les vélos bleus à droite sont aux couleurs du SSC Napoli, l'équipe de football]

venerdì 18 settembre 2009

Napulizia*

Allons enfants de la pas tri. A Naples, on pratique le tri sélectif : il y a des choses que l'on jette chez soi, et d'autres par la fenêtre.
Dans le centro storico où j'ai passé mes premières nuits napolitaines, j'ai régulièrement vu des mouchoirs, papiers, ou autres, passer par les balcons. Ce n'est pas le seul quartier où on pratique l'épollué-jeté.
Les trottoirs ont un relief particulier. Au lieu des classiques crottes de chiens laissés par leurs propriétaires à Paris ou à Nice, les marciapiedi de Naples présentent une grande variété : ici un canapé éventré, là des chiffons sales, plus loin un ensemble de résidus indéfinissables.

 

Déchets uomo. Pourrait-on faire la sociologie de la ville au travers de ses restes ? Ce matin, une retraitée qui a passé toute sa vie à Naples m'expliquait que le manque de respect pour leur ville caractérise ses habitants. Elle ne s'explique toujours pas leur inconséquence. D'autant moins, me disait-elle, que quand ils vont ailleurs, ils se comportent correctement.

Les violents orages du début de semaine n'ont pas suffi à rincer la ville. Sa décrépitude contribue à son caractère. Les quotidiens consacrent régulièrement des articles à la "gestion" des déchets [aujourd'hui encore, dans Il Mattino].


Tousse ensemble, tousse ensemble, ouais, ouais ! J'ai découvert Naples à la mi-août, période la plus calme de l'année. Il y avait eu un pic de pollution, alors que de nombreux Napolitains avaient quitté la ville avec leur voiture, et que l'activité économique était au ralenti (la plupart des magasins sont fermés à cette époque). "La cause est à chercher ailleurs", expliquait un spécialiste dans un journal local. Et d'évoquer le trafic maritime dans le port.

"La cause est à chercher ailleurs" ? J'ai lu que la mafia contrôle une part importante de la fabrication du pain, cuit dans des caves dans des fours toxiques [voir ce récent article sur la découverte de 180 fours illégaux]. Et l'on sait que le crime organisé a depuis longtemps la main mise sur les déchets. La mafia a visiblement aussi réussi à enfumer les esprits...

A Naples, on tousse. Et même les rats n'ont pas l'air en forme.

* pulizia : la propreté

domenica 13 settembre 2009

A bon port


Le port de Naples

On m’avait mis en garde, et pourtant… Je suis arrivé à Naples au milieu des coups de feu, dépouillé de 200 euros en pleine nuit, et la tête en sang.

L’avion est arrivé vers 22 h 45. A 23 h, c’était le point d’orgue de Piedigrotta, les festivités annuelles de la ville. Commencées le 3 septembre, celles-ci se terminaient par un feu d’artifice en bord de mer.
Je devais récupérer les clefs de l’appartement Via Posillipo, pour ensuite me rendre Corso Vittorio Emanuele. La première se trouve au bout de la ville, et longe la mer. La seconde est une desserte permettant de joindre est et ouest. La ville de Naples est très étendue.
On m’avait bien recommandé de prendre un taxi officiel, ce que j’ai fait. Il a fallu insister pour qu’il mette le tassametro (compteur), mais il l’a fait. J’avais pris son numéro : comme j’avais 40 kg de bagages, je craignais qu’il ne profite du temps pendant lequel je devais récupérer les clefs pour s’éclipser…
Mais Luigi m’a attendu. Après notre « escale », on a discuté, longuement, sur la route. Il faut dire qu’on a eu le temps : nous nous sommes retrouvés coincés dans le trafic d’après les feux d’artifice…
Mon arrivée dans la ville aura moins été saluée par les explosions des fuochi, que marquée par le défilement des chiffres lumineux du compteur. Les bouchons, c’est déjà très long, mais alors les bouchons tarifés… A se demander si j’ai bien fait d’insister pour qu’il le mette en route : si on s’était entendu sur un prix au départ, ç’aurait peut-être coûté moins cher ?
Il était passé 1 h du matin quand je suis arrivé. Luigi a arrondi à 200 € – oui, à son avantage – ce que j’aurai du mal à appeler une « course ».

L’entrée de l’immeuble est une grande porte cochère, à l’intérieur de laquelle est aménagée une porte plus petite. En enjambant le pas de cette petite porte, je n’ai pas vu qu’elle était basse. J’ai maintenant une plaie sur le sommet du crâne.

La légende s’est donc vérifiée : Naples n’est vraiment pas sûre !