giovedì 29 ottobre 2009

On napl-audit pas !



Pour emprunter un livre, il est d'abord nécessaire d'en copier, à la main, la référence complète - nom de l'auteur et titre intégral et numéro de code barres et numéro d'entrée et numéro d'emplacement -, sur un formulaire daté dont la bibliothèque gardera un exemplaire, et remet le second à l'usager. Dans ce pensum, l'usager s'engage à ne pas porter atteinte aux droits d'auteur, à ne pas endommager le livre, et à le rendre dans les délais (ce qui peut donc signifier que tout le reste est autorisé !).
L'opération est à répéter pour chaque livre.
Notez qu'il faut faire la même chose pour une consultation sur place.



Une fois cette fastidieuse formalité remplie, ne croyez pas pouvoir sortir de la bibliothèque avec l'ouvrage !
A ce stade, il faut se rendre à un autre bureau, qui autorisera la sortie de l'ouvrage. Pour ce faire, il se contentera de scanner le code-barres. Je raconterai une autre fois qu'il n'est pas rare, dans une administration italienne, de remplir à la main un formulaire ensuite saisi informatiquement par la personne qui vous regardait faire, et qu'à votre tour vous la regarderez le recopier sur ordinateur...
Ce document qui sort de l'imprimante est normalement signé par la personne qui autorise le prêt. L'attestation que l'on voit ici est donc irrégulière ! C'est alors que l'on peut emporter son trophée : le livre que l'on vient d'arriver à emprunter.



Au retour de l'ouvrage, il conviendra de se rendre au bureau dédié, qui fournira le certificat signé ci-dessus, afin d'attester du retour de l'ouvrage. Plusieurs documents différents sont imprimés si l'on rend plusieurs livres.

J'ignore combien de pages la bibliothèque imprime ainsi chaque jour. Et je n'ai pas calculé le temps que prennent, pour chaque bouquin, toutes ces opérations. Mais comme ce système ne me semblait pas être le plus efficace, je m'en suis ouvert à un collègue en lui disant d'un air entendu : "dis donc, pour emprunter des livres à la bibliothèque...". Il m'a coupé immédiatement, pour approuver : "oh oui, qu'est-ce que c'est mieux maintenant ! Le conservateur d'avant avait mis en place un système si compliqué..."

venerdì 23 ottobre 2009

Tel est Capri...


Le village de Capri


La via Krupp (volontiers décrite comme une oeuvre d'art)


Capri-cieux



Capri, paradis félin où les chats sautent d'eux-mêmes sur les genoux



Dans les guides touristiques de New-York datant d'avant septembre 2001, on lisait que, du haut des tours du World Trade Center on pouvait se rendre compte de la rotondité de la Terre. Au sommet de Monte Solara (589 mètres), la vue sur la Méditerranée est magnifique... et l'occasion d'observer que l'horizon est légèrement incurvé.


Arc-en-ciel sur Capri

Cliquez sur les photos pour les agrandir [prises les 16-17-18 octobre]

giovedì 15 ottobre 2009

J'en Napels à la tendresse... (la conduite des Napolitains)

A Naples, le nombre d'habitants est inversement proportionnel à la taille des voies de circulation. Les trottoirs, déjà réduits, sont pleins de scooters ou de gens qui s'arrêtent pour  discuter. Quand les rues ont deux voies, leur largeur n'est guère que d'une voie et demie. Les bus eux-mêmes sont pour la plupart étroits, comme une espèce qui se serait adaptée à son environnement.

Je suis irrital et je le reste. C'est dans cet univers que le na-pilote-ain passe le plus enfumé de son temps. Sur la route, chacun donne sa propre interprétation du code, avec consensus sur le fait qu'il n'est pas nécessaire de stopper à certains feux rouges. A ces endroits, les rares qui s'essayent à marquer l'arrêt subissent invariablement des réprimandes klaxonnées.
Mais de façon générale, conduire à Naples revient à klaxonner et se faire klaxonner. Comme le geste accompagne la parole, on ponctue sa conduite de son avertisseur.

Le klaxon indique aussi l'arrivée du scooter à un carrefour aveugle, probablement pour signaler qu'il s'en approche ; sachant que celui qui arrive de la perpendiculaire fait exactement la même chose dans le même but. C'est aux carrefours que l'on comprend que nombre de Napolitains sont superstitieux, ainsi que leur penchant à croire aux miracles.

On Naple-ique pas les règles. Une fois sorti des grands axes, il n'y a plus vraiment de règles de circulation. Il n'y a qu'un principe : il faut que ça avance !!! Au carrefour engorgé on s'engage quand même, centimètre par centimètre. Dans une voie piétonne, on essaie de progresser en flirtant avec les genoux des passants. Dans les rues qui montent, les scooters ont besoin de se lancer à pleine vitesse - d'autant plus qu'ils supportent souvent le poids de trois passagers - et s'engagent donc le plus vite possible, en klaxonnant de façon continue pour espérer que les piétons s'écartent et conserver l'allure (les passants sont forcément sur la route, les trottoirs étant inexistants ou impratiquables). Pour traverser une rue là où il le peut - donc partout -, le piéton teste la capacité du véhicule qui arrive à s'arrêter pendant que ce véhicule teste la possibilité qu'aura ce piéton de reculer.

Il faut que ça avance ! Quand on klaxonne son prochain, ce n'est pas pour lui reprocher d'avoir enfreint une règle. Au contraire, un comportement contraire au code de la route attire plutôt la sympathie. Pourquoi jouer de l'avertisseur contre une personne garée en double file, alors que l'on pourrait y être soi-même ? On ne klaxonne que quand un conducteur ne contribue pas à l'avancement. Car IL FAUT QUE CA AVANCE !

Il faut que ça file ! Et cela ne s'arrête pas à la voirie. Dans les files d'attente, bien souvent le Napolitain fait comme sur la route : il double. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis resté interloqué de voir des gens me passer. Les Britanniques, connus pour leur discipline dès que se forme une queue, perdraient ici leur légendaire flegme...
Mon regard réprobateur attire trois types de réaction :
- celle qui consiste à s'étonner ou faire semblant de s'assurer que j'étais bien devant,
- celle qui consiste à s'étonner ou faire semblant de s'assurer que j'étais bien devant, mais en passant quand même,
- celle qui consiste à se justifier d'être passé devant.
Hier, un Italien du sud m'expliquait que la file n'existe pour lui que s'il la perçoit effectivement. Autrement dit seulement s'il y a un nombre critique de personnes semblant massées les unes derrière les autres. Ce qui expliquerait pourquoi je me suis fait tant de fois dépasser.
Pour marquer le fait que l'on est devenu prioritaire au comptoir, une fois doublées les personnes qui en sont proches, il semble qu'il faille poser les mains sur celui-ci (dans le cas d'un présentoir un verre, les placer contre). Je ne sais pas faire.

On conduit dans la rue comme on se conduit dans la vie.

domenica 11 ottobre 2009

Cacophonapoli

Tapage s'emballe. Naples n'est que bruits : klaxons de scooters, pots d'échappement crevés, klaxons de voitures, mégaphones des maraîchers ambulants, voix qui interpellent d'un trottoir à un autre ou d'un balcon à un autre, klaxons fatigués des taxis, cornes de brume des bateaux de croisière, crécelles des tramways, sirènes des services de secours, cloches des nombreuses églises, klaxons de camions... Le mot tintamarre a dû être inventé ici, en baie de Naples.

Nap* au lit. Et puis cela s'apaise, un peu, de 14 à 16 heures, alors que ferment nombreux magasins et bureaux. C'est aussi pour certains l'heure de la sieste... dont un natif m'a soutenu qu'elle avait été imposée à la ville sous l'occupation espagnole !**
Il existe même un mot qui décrit ce moment de relative relâche de la ville : la controra.

Repos dominicalcio.*** Par contraste, le dimanche paraît bien calme... Le seul jour où l'on entend distinctement le moteur des avions.
Le trafic est faible, l'activité économique s'arrête. Résonnent les nombreuses cloches appelant les croyants à leur devoir le matin, et l'après-midi les "oooh" de ceux qui regardent le match à la télévision - et leur clameur à l'unisson dans toute la ville quand est marqué un but , qui fait exploser la cité (et aboyer les chiens). Ce n'est pas le Vésuve, mais c'est une éruption vraiment saisissante.****


* "nap" : sieste en anglais
** La ville a été sous domination espagnole de la moitié du quinzième siècle au début du dix-huitième
*** calcio : football
**** Mais bien rare, car l'équipe de Naples ne semble pas briller par ses résultats cette année

venerdì 9 ottobre 2009

Espresso


6 octobre, lever du soleil derrière le Vésuve, vers 6 h 30

Une heure plus tard

Une heure et demie plus tard

Trois heures et demie plus tard

Sept heures et demie plus tard

Huit heures et demie plus tard

Neuf heures plus tard

Onze heures et demie plus tard

Douze heures trente plus tard, le bateau de croisière que l'on voit arriver sur la première photo s'en va... Des touristes, principalement américains, se seront égaillés pendant quelques heures aux abords immédiats du quai où on les débarqués. Ils n'auront pas vu Naples... Mais Naples les aura bien vus !

mercoledì 7 ottobre 2009

Etat de siège

Sur les trottoirs de Naples, il y a des chaises.

Et encore des chaises.

Seules, ou accompagnées.

Comme des strapontins pour assister au théâtre de la rue.

Comme une invitation à rester là et discuter.

Comme l'accessoire naturel d'une ville où une grande partie de la population est inoccupée.

Comme un moyen d'observer son prochain, ou de l'attendre pour lui parler.

Pour s'asseoir, simplement, et perpétuer une longue tradition.

Pour attendre.

Et s'il n'y a pas de chaise à proximité, il y a de toute façon toujours au moins un scooter sur lequel s'appuyer.

Si le service des encombrants existe, il ne les embarque probablement pas.

Je m'étais assis sur le bord du trottoir. Un type qui fumait appuyé sur une voiture me dit : "mais prends plutôt une chaise !", en désignant une un peu plus haut dans la rue.

Les chaises n'appartiennent à personne en particulier. Elles sont le bien commun. Mises à disposition par ceux qui suppléent à la carence des bancs.

Toutes ces photos montrent des chaises vides, mais elles sont en général occupées
 
Carpe sediem *

* Sedie : chaises

domenica 4 ottobre 2009

Napolitrain-train

Prendre le train. Stazione Centrale, gare principale de l'Italie du Sud.
Des milliers de personnes grouillent, comme dans toutes les grandes gares.
Des centaines de trains pour toute l'Italie et ailleurs.
25 quais.
6 distributeurs automatiques de billets.
4 fonctionnent...

La première fois que j'y ai pris un train, j'ai demandé à un employé appuyé sur un pilier du quai n° 20 d'où je partais, où je pouvais composter mon billet. Il a regardé autour de lui, visiblement pas plus au courant que moi, et a désigné deux appareils au quai n° 17.
Ils étaient hors service.
A ce jour, les seuls que j'ai trouvés en état de marche se trouvent sous un pilier à une trentaine de mètres du quai 15.

Prendre un bus. La plupart des bus urbains, interurbains, ou des lignes nationales ou internationales, partent ou marquent un arrêt Place Garibaldi. A priori c'est pratique.
Mais nul ne sait vraiment où s'arrêtent ni d'où démarrent chacun de ces bus. Et la Piazza Garibaldi fait un demi-kilomètre carré !
Déjà étroits, ses trottoirs le sont plus encore avec les étals des vendeurs à la sauvette (comme ils sont toujours là, l'expression doit bien sûr se comprendre à la manière locale). Sur ces trottoirs essaient donc de cheminer des gens qui ont l'air de savoir où ils vont, et d'autres qui cherchent des indications.
Cela doit faire longtemps qu'ils tournent, car de panneaux il n'y a point.
Il existe un bureau d'informations ouvert à certaines heures, avec dedans des gens qui savent. Je me suis un jour trouvé face à ce kiosque, par hasard évidemment puisqu'il n'est pas indiqué.

Prendre le bon bus. Le bus que je cherchais Piazza Garibaldi ne partait pas de l'endroit mentionné sur la carte éditée par la régie des transports.
Car le transporteur lui-même ne semble pas avoir une vue claire de ses propres dessertes. Pour chaque ligne, sont indiqués les lieux principaux où est censé passer chaque bus : une place, un carrefour important... Entre ces lieux, on trouve des fermate (arrêts qui - surprise ! - sont signalés par un panneau), d'une utilité relative car il est souvent possible de monter ou descendre où l'on veut en s'arrangeant avec le conducteur.

Prendre ça avec philosophie. Dans le bus on s'interpelle on pousse on hèle quelqu'un pour qu'il appuie sur le bouton "Stop" ou alors on crie au chauffeur qu'on veut descendre et on crie encore plus fort quand on voulait descendre. Le bus est la continuation de la rue ; ses places assises un café sans les consommations.

Prenez, ceci est mon billet. Quand on est en correspondance, il ne faut pas valider à nouveau. Montant dans un bus à peine bondé, j'avais eu le sentiment d'être jugé par mes futurs compagnons d'expédition qui avaient observé que je compostais pas.
Avant qu'elle ne descende, une dame qui ne m'avait jusque là pas adressé la parole m'a spontanément proposé son ticket.

Prendre un bus interurbain. Les tickets ne s'achètent pas à bord. Au chauffeur qui me l'apprit, j'ai demandé où je pouvais me procurer un sésame. Il m'a invité à monter, et proposé de m'emmener au prochain Tabbachi où l'on en vend. Arrivé devant chez ce débitant, j'ai une nouvelle fois remercié le chauffeur en lui disant au revoir. C'est là qu'il m'a dit que, non, il m'attendrait ! Et c'est ainsi que, pendant le temps de mon achat, mon chauffeur et son chargement patientaient...
De façon générale, les Napolitains aiment rendre service.

Prendre un taxi. J'évite désormais :~)

Prendre un funiculaire. Naples s'étage sur plusieurs niveaux. Pour joindre le Naples d'en haut et le Naples d'en bas - la distinction n'est pas que géographique, elle est aussi sociale - il existe plusieurs funiculaires (dont un que des cartes indiquent encore mais qui est pourtant désaffecté depuis longtemps). Le funicolare centrale fonctionne jusque minuit et demi, sauf le lundi et le mardi où il s'arrête à 22 heures. Le funicolare Chiaia fonctionne jusque minuit et demi, sauf le mercredi et le jeudi où il s'arrête à 22 heures.
Nul n'a encore su m'expliquer pourquoi.


Prendre un métro. J'ai lu dans un guide que Naples était particulièrement bien équipée, puisqu'elle compte six lignes de métro. En fait, il y en a deux : la première s'appelle Ligne 1, et la seconde Ligne 6.
Cette dernière n'est pas un métro mais un train ; dans un sens son dernier départ est vers 23 h 30, dans l'autre à 21 h 14.

Prendre ses jambes à son cou. Non, en cas de mauvaise rencontre, il est plutôt recommandé d'obtempérer.

Prendre son temps. Pour se repérer dans les transports, et plus généralement dans la ville, dans les administrations, à la fac, etc. il vaut mieux ne pas s'attendre à trouver des panneaux.
Alors on demande et souvent la personne, satisfaite d'aider, termine en général ses indications par : "et quand tu arrives là, tu demandes". Alors on redemande.

Ma théorie, c'est qu'il ne viendrait à l'idée de personne ici d'écrire des indications. Sinon, on perdrait autant d'occasions de pouvoir discuter ! Avant même qu'on ne lui ait demandé son chemin, il n'est pas rare que le Napolitain cherche à savoir où on va, veuille aider (même si, souvent, il n'en sait pas plus...), demande ce que l'on fait là, ce que l'on fait dans la vie et papoti et papota.
Pour faire faire un double de clefs, comptez une vingtaine de minutes : trois à cinq pour faire les clefs, le reste pour converser. Pour faire refaire une couture : une minute, cinq fois plus pour raconter sa vie.

Prendere un giro.*  Littéralement, cette expression italienne signifie "prendre un tour", mais en fait cela veut dire "faire une blague". Finalement, c'est un bon raccourci !

*Mise à jour : j'ai commis une erreur, on dit "prendere in giro" (voir en commentaire)