domenica 29 novembre 2009

Football (2/2) - En avant, match !

Les Napolitains sont sympas. Les Napolitains sont prêts à aider. Les Napolitains sont chaleureux. Sauf...

Sauf quand ils reçoivent, le dimanche, 11 joueurs de football d'une équipe qui a la mauvaise idée de vouloir battre la leur.


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Le stade et la ville sont des vases communicants : le contenu de la seconde se déverse dans le premier le dimanche après-midi. Les abonnés ont rempli la tribune depuis le matin. Suivent de jeunes couples, quelques filles, et quelques familles aussi.



Ce jour-là, il y avait 55.000 spectateurs. Ce sont des mètres cube d'accessoires blanc et bleu, des kilomètres de cordes vocales, des centaines de scooters garés... C'est peut-être aussi l'un des seuls endroits de la ville où les produits vendus dans la rue ne sont pas des contrefaçons !


On baigne tellement dans le bleu-blanc qu'on pourrait finir par croire que la police a repeint ses engins pour soutenir l'équipe.



Le match a lieu à 15 heures. En prenant la parole une heure avant le coup d'envoi, le speaker provoque un effet de souffle dans le Stadio San Paolo.



Au retour, dans le train, ça discute encore plus que d'habitude. Du match bien sûr. On m'a souvent pris à témoin pour me donner mon avis, s'étonnant que je n'en ai point. Mais la discussion se tient en napolitain !

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Cela fait bientôt trois mois que je suis ici. J'ai vite appris le nom du président du club de football, mais ne connais toujours pas celui du maire de la ville !

domenica 22 novembre 2009

Football (1/2) - Y faut c' tifo !

Des scientifiques qui ont étudié l'effet placebo ont observé que partout dans le monde, les capsules bleues ont un effet tranquillisant, contrairement aux rouges qui, elles, énervent.
Partout dans le monde... sauf pour les hommes italiens. Parce que la couleur bleue est celle de l'équipe de foot nationale !*

Cette couleur est aussi celle du SSC Napoli.

Quelle que soit la saison, quelle que soit la mode, le bleu est très porté : bonnets des enfants, écharpes, t-shirts ou gilets, mais aussi vêtements plus intimes :


... ou encore habits destinés à d'autres bêtes à poils :

(Combinez caleçon et jeune chien, et vous obtenez "calchiot", qui est aussi la façon dont on dit football en italien !).

Les fans sont donc visibles quand ils sont seuls. Mais les tifosi s'affichent aussi sous leur propre bannière, sous forme de graffiti. Les murs napolitains sont régulièrement ornés des noms des groupes des supporters. Comme s'ils cherchaient symboliquement à occuper le plus de territoire. On voit en définitive plus de tags à la gloire de ces clans que pour célébrer le SSC Napoli.

A Naples, l'avant-match dure environ une semaine moins 90 minutes : dès la fin du match la ville se prépare au suivant.

[A venir : 2/2 : le match]


* "Soothing blue capsules make more effective tranquilizers than angry red ones, except among Italian men, for whom the color blue is associated with their national soccer team—Forza Azzurri!" (Wired)

giovedì 19 novembre 2009

Parabole

On sonne à la porte jeudi dernier. Ce sont deux techniciens antennistes, qui demandent s'ils peuvent regarder les antennes équipant l'immeuble : ma voisine du dessous veut en changer.
Je leur montre l'attirail ornant une partie de la terrasse : "ah non, pas celles-là !", accompagnant leur réaction d'un geste de rejet. "Trop vieilles !".

"Trop vieilles" ? Je ne comprendrai que quelques jours plus tard ce qu'ils voulaient dire par là.

A son départ, l'un des techniciens me dit qu'il voudrait bien passer la semaine prochaine avec un autre compère qui, lui, procèdera au changement d'antenne, mais ce n'est pas sûr, il faut qu'il voie, il veut savoir si je serai là, je lui dis que ça dépend quand il compte passer, alors il me propose de me glisser un papier sous la porte dimanche, si le papier est juste sous la porte c'est qu'il va passer le lundi matin mais s'il glisse le papier beaucoup plus loin que le bas de la porte c'est qu'il ne viendra pas.
Je lui suggère de m'écrire, et il convient qu'un moyen moderne de communication, c'est bien aussi.

Le dimanche, pas de message.

Le lundi matin, je suis encore en pyjama quand mon type sonne à la porte, accompagné d'un autre technicien. Ils ont à la main une boîte contenant une nouvelle parabole. Ils se dirigent vers la terrasse pour exécuter leurs hautes oeuvres.
Et là, le second, constatant probablement à ce moment que le toit se trouve au-dessus de l'immeuble, me dit : "t'as pas une échelle ?"

A Naples, les antennistes n'ont pas d'échelle.

Je lui indique un escabeau qui traîne là, en lui déconseillant de l'utiliser car il est brinquebalant. Il grimpe dessus sans même que son comparse le sécurise.

Il est resté plusieurs dizaines de minutes sur le toit, pendant que l'autre profitait de la vue (je ne peux pas lui en vouloir, je le fais souvent aussi !). Du coup, je lui ai offert un verre (et qu'on n'en profite pas pour tirer la conclusion que les Napolitains sont fainéants : au cours de la conversation il m'a dit qu'il est de Ligurie !).

J'ai profité du passage de mes voltigeurs sans accessoire pour leur demander qu'ils déplacent un câble d'antenne qui se baladait devant une fenêtre. Parce qu'on ne fixe pas les câbles ici : ils pendouillent le long des immeubles.

A la fin des opérations, j'ai vu redescendre du toit l'antenniste en chef. C'est après son départ que j'ai réalisé qu'il avait.. les mains vides ! Ici donc, on ne remplace pas les antennes. On en ajoute.

Et il y a désormais un câble supplémentaire qui descend le long du palazzo...

domenica 15 novembre 2009

Comment descendre du Vésuve ?

Dès l'arrivée à Naples, la présence massive du Vésuve fascine. Il est le compagnon de chaque visite de la ville et de sa région.

Le touriste est tenté d'en vaincre le sommet. Et se pose alors la question : comment monter le Vésuve ? L'anecdote qui suit montre que ce ne devrait pas être pas la seule question à se poser.


Comment monter sur le Vésuve ? Le Vésuve a deux sommets : Somma Vesuviana, et le Vésuve proprement dit. Le premier culmine à environ 1100 mètres, le second à 1281 ou 1282 m. Cela change selon les guides. Et aussi selon les époques : avant la fameuse éruption qui recouvrit Pompéi (et toute la région), il n'y avait qu'un seul ensemble massif, qui s'élevait à 2500 mètres. Il a explosé par étages successifs.

Sur les pentes du Vésuve, une route amène à 1017 m. Ce doit être l'une des rares voies de la région où l'on ne croise guère de scooters. Les voitures particulières ou les bus amènent leurs passagers à un petit parking à l'entrée du Parc National.* Il fut une époque où existait un funiculaire (!), dont la construction avait été célébrée par la fameuse chanson funiculi funicula.

Mario Lana... the worlds GREATEST TENOR ! - Funiculi, Funicula
Found at skreemr.com


Selon Qui Napoli, le guide bimensuel publié par l'office du tourisme de Naples, il existe deux excursions quotidiennes du volcan au départ de la ville de Naples. Après plusieurs tentatives et enquête, je suis en mesure de révéler qu'il s'agit d'une des (nombreuses) fausses informations de ce guide :~)

Des stations de train de Pompéi et Ercolano (Herculanum), il existe des bus assurant une liaison que l'on pourrait qualifier de régulière. Au départ de la première, huit à dix bus par jour sont annoncés. Au départ de la seconde, le trajet s'effectue par taxi-bus, mais on devrait plutôt l'appeler taxi-brousse : il ne part que quand il est plein.

Pour atteindre la cime, c'est cette solution que nous choisîmes. Coup de chance pour les personnes qui nous précédaient et à qui il avait été expliqué qu'ils allaient devoir attendre : en arrivant à quatre sur leurs pas, nous avons permis que la fourgonnette soit suffisamment chargée pour s'engager dans les lacets du Vésuve.

Lave-toi et marche. Une fois en haut après l'arrivée au parking, nous nous sommes engagés sur le sentier qui permet de rejoindre le cratère, et d'en longer environ la moitié. Plusieurs petites boutiques longent le chemin : il y a donc des gens qui pour rejoindre leur lieu de travail montent tous les jours sur un volcan !
On reste longtemps à observer le cratère béant et ses fumerolles. On contemple le paysage. On pique-nique... et on laisse un peu passer l'heure de rendez-vous qu'avait donné notre chauffeur pour le retour.
L'appuntamento était à 14 h 30, heure à laquelle nous étions au point le plus éloigné du parking. Nous avions estimé que la descente pouvait nous prendre une vingtaine de minutes. Mon expérience locale du respect des horaires m'ayant appris que ceux-ci sont relatifs, je m'étais dit que nous ne serions pas vraiment en retard, et que ce n'était pas la peine de courir ventre à cratère.

Notre taxi-brousse était parti sans nous attendre.


Comment descendre du Vésuve ? Notre conseil de guerre s'est tenu autour d'un café, au bar du parking (je n'ai pas fait attention à son enseigne, mais il doit certainement s'appeler Al Vesuvio). La commande fut l'occasion d'estimer avec la patronne nos chances de pouvoir redescendre.
Après notre pittoresque collation, occasion d'une discussion mi-amusée mi-consternée, C. et J. ont fait du porte-à-porte... aux autocars emmenant les groupes dont les voyages sont, eux, organisés. Pendant ce temps, O. et moi essayions petit à petit de nous décoller du très gentil monsieur qui nous faisait, dans son échoppe de cartes postales, l'historique de tous les funiculaires du Vésuve. C'est ainsi que nous avons appris qu'il a été reconstruit plusieurs fois.
Plutôt que d'attendre la prochaine reconstruction, nous avons fini par embarquer dans un car qui emmenait à Naples un groupe de touristes russes (bravo les filles !). Il n'y a donc pas que la lave qui descend le long du Vésuve, il y a aussi le slave.


La compagnie de taxi-bus qui opère la liaison s'appelle Vesuvio Express. Sa publicité vante ces services ainsi :
A y bien regarder, ils précisent bien qu'ils vous emmènent "sans problème" au Vésuve. Mais c'est vrai qu'il n'est pas écrit qu'ils vous ramènent sans difficulté.
Ah, et le prix, c'est 15 €, pas 10 comme indiqué. 15 euros l'aller, c'est du vol can même !!!


* Cette année, à l'occasion du centenaire du Giro (c'est comme le Tour de France, mais en Italie), une arrivée d'étape se faisait-là haut. C'est Carlos Sastre qui a gagné ce que l'on pourrait appeler un cratérium cycliste !

sabato 7 novembre 2009

"Voir Naples et mourir"

"Vedi Napoli e poi muori". Selon Wikipedia, les habitants utilisent cette formule (bien connue !) "pour souligner la beauté de leur ville… qu'il faut avoir vue au moins une fois dans sa vie" (pour le jeu de mots sur lequel est basée l'expression, voyez la notice Wikipedia en question).

A Naples, la mort est à tous les coins de rue :


On Naplique pas les règles. "DIVIETO DI AFFISSIONE" : sous ces petits panneaux d'acier fichés dans les murs, sur lesquels est donné l'ordre, en rouge, de ne pas afficher, on trouve... des affiches. Il s'agit de faire-part de décès.

Une grande partie de la vie se passe dans la rue ; la rue est aussi celle qui annonce, aux croisements, les nouvelles les plus tristes.

Ces affiches en noir et blanc au format A5 se trouvent souvent à côté d'autres, A4 bicolores, qui présentent des logements à la vente ou à la location.

En y réfléchissant, c'est vrai qu'il peut y avoir un rapport entre les premières et les secondes...


Trépas sans balles ? A Naples, la mort est à tous les coins de rue. Depuis mon arrivée, la presse évoque de temps à autre des assassinats par arme à feu, le plus souvent des règlements de compte entre bandes organisées. La mort d'un chef de famille est saluée par des feux d'artifice, comme il y a quelques semaines après le décès par balles d'un "parrain" tué sur son lit d'hôpital.
Scènes typiques de la vie locale ? Dans le même temps, la grippe A a plus tué à Naples (une dizaine de personnes souffrant d'autres maladies sont décédées dans la ville alors qu'elles avaient le virus).
Le taux de criminalité ici serait le plus élevé d'Europe. C'est certainement vrai, car il y a plus d'un institut médico-légal dans la ville. Mais les médecins qui y travaillent doivent aussi être beaucoup sollicités pour tous les accidents de deux roues, dont les conducteurs sans casques klaxonnent aux carrefours aveugles plutôt que d'y ralentir. A Naples, la mort est vraiment à tous les coins de rue.


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Il y a plusieurs entreprises de pompe funèbre en face du tribunal de Naples. C'est pratique.

Naplons pas un chat un chat. «Sì, hanno ucciso mio marito. Qual è il problema?» ("Oui, ils ont tué mon mari. Quel est le problème ?") : c'est ce qu'a déclaré à la presse l'épouse d'un homme abattu dans la rue, en mai dernier, dans le quartier Sanità à Naples.
C'est par les medias que l'on apprend que la loi du milieu a été mise en oeuvre. Les morts violentes qui font les titres des journaux semblent être vécues comme les autres faits divers qui font l'actualité - le problème des déchets, l'incompétence des décideurs publics, la corruption... - : avec fatalisme.

Tout l'inconscient de Naples est bâti sur le drame qui peut survenir à tout instant : la ville est au pied du Vésuve, dans la zone où le risque sismique est le plus élevé au monde. Nous sommes un million d'habitants à vivre dans une cité sur laquelle le volcan porte son ombre chaque matin.