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sabato 2 gennaio 2010

Room with a Vesuvio

Naples est polluée, et trop souvent sale.
Naples est la ville d'Europe où la criminalité est la plus élevée, dont la prison est la plus bondée d'Europe.
Naples se trouve dans la zone géographique où il y a le plus grand risque volcanique du monde.
Naples serait l'avant-dernière ville pour la qualité de vie en Italie.

La piazza Trieste & Trento est le carrefour le plus dangereux d'Europe ; mais on n'y a toujours pas tracé de passage pour piétons.


... et pourtant, qu'est-ce que c'était bien, Napoli !


Une ville où il fait bon crécher. Celui qui ne comprend pas la fierté des Napolitains pour leur cité, c'est qu'il ne la connaît pas. La ville est un écrin poussiéreux qu'on aurait tort de ne pas vouloir ouvrir, tant il recèle de trésors. Historiques. Culturels. Scènes de Vie. Scènes de vues.
Nuages qui semblent toujours vouloir converger vers le Vésuve, en lèchent le sommet ou s'y déposent, se lovent autour du massif de la côte sorrentine, et qui en hiver au coucher du soleil forment de douces lignes jaunes qui deviennent orangées qui deviennent roses qui deviennent mauves : le plus grandiose des tableaux sur fond bleu jamais peints ! Vésuve qui montre, selon son caprice du moment, ses plis de verdure ou seulement son sommet pourpre. Que son profil semble doux les nuits de pleine lune... Comment se lasser des panoramas qui s'offrent ?

Arrivederci! Ceci est le dernier article de ce blog. J'ai parlé de la vie à Naples, trop peu des merveilles de la région. Les quelques mots qui suivent ne remplaceront pas une visite, mais il serait dommage de ne pas mentionner au moins :

  • Procida [5/5]. Paisible et authentique île de pêcheurs. S'y trouve une prison anachronique où l'on a certainement purgé des peines bien douces.
  • Ischia [4/5]. Etonnantes pierres de tuf vert, singulières enseignes mélangeant l'allemand et l'italien, inattendues maisons creusées dans la roche



  • La côte amalfitaine [7/5].Cathédrale d'Amalfi, l'une des choses les plus belles au monde qu'ait construit la main de l'homme, après la chapelle Matisse à Vence. Atrani, plus petit village d'Italie qui se laisse voir en un coup d'oeil. Ravello, visite presqu'en songe de la villa Rufolo, sur fond de coucher de soleil avec au loin la musique des joueurs de zampogna.
  • Pompei [5/5], dont on finit par oublier que c'est une ville fantôme et où l'on joue à découvrir.
  • Caserta [4,5/5]. Le jardin de ce château est si grand qu'on pourrait s'y prendre pour Alice au pays des merveilles. Il nous a fallu plus d'une heure et demie pour aller jusqu'à son extrêmité, d'où le palais royal pourtant immense paraît une maison de poupées.

venerdì 18 dicembre 2009

L'espace public

Sur les trottoirs les plus passants, sur les piazzette et parfois même sur le bord de la route, les vendeurs présentent leur bric-à-brac sur des étals de fortune. Si le présentoir a des pieds, les produits de la vente sont peut-être légaux. Si c'est une boîte en carton qui sert de support, c'est moins sûr. Quand le vendeur expose ses objets sur un drap, c'est pour pouvoir former en toute hâte un baluchon quand le guetteur prévient de l'arrivée de la police.*

L'espace public sert à tout et à tous. Il est le support d'activités plus ou moins parallèles. A côté de chez moi, deux garages sans enseigne exercent leur objet social sur le trottoir de 140 centimètres devant leur local qui ne pourrait faire entrer une voiture. Quand ils repeignent une pièce de carrosserie ou une carcasse de scooter, c'est contre un mur de la ville dont la couleur est désormais indéfinissable tant il a reçu d'éclats.

Sous mes fenêtres se trouve un espace de stationnement aménagé par la municipalité, dont un panneau à l'entrée indique qu'il est payant. Il l'est dans les faits... mais l'argent ne va pas à la ville de Naples. S'en "occupe" du lundi au samedi un homme à qui l'on confie ses clefs, qui range lui-même les véhicules côte à côte et optimise ainsi le stationnement. C'est "son" parking, et personne ne lui en conteste l'occupation (il est d'un fort gabarit... et peut-être protégé aussi, car la police municipale ne passe jamais par là). Dixit une amie napolitaine : "au moins, il travaille !"
Pendant ce temps, la ville de Naples est au bord de la faillite.

L'espace public sert à tout et à tous. On y trouve des chaises prêtes à accueillir le premier venu, qui peuvent aussi servir à réserver "sa" place de stationnement. On y trouve, trop souvent, des déchets. On y trouve des étendoirs pour le linge, souvent attachés par une ficelle à un volet ou à une gouttière, antivol de fortune. Dans le quartier espagnol, les vêtements des habitants du rez-de-chaussée sèchent sur le trottoir à la vue de tous.

L'espace public, c'est aussi un peu de l'espace privé de chacun : comme on vit beaucoup sur le pas de la porte, sur les balcons, sur les terrasses, comme on est constamment sous le regard des Napolitains, la frontière entre le domaine public et le chez soi est floue.

L'espace public est privatisé, mais par tous et c'est ainsi qu'il est public.


* Cela dit, l'application de la loi semble différente selon les quartiers : à Vomero, les vendeurs se replient en cas d'alerte, tandis que sur la Via Toledo, principal axe commerçant, la voiture de la Guardia di Finanza passe entre les vendeurs de sacs Vuitton contrefaits, visiblement indiffénte (ou lassée ?).

venerdì 4 dicembre 2009

Dans la vie, il y a des "o" et il y a des "a"

La pizza. La pizza napolitaine est vraiment bonne.** Ce n'est pas une légende destinée à attirer les touristes, ni un reflet de la fierté locale qui voudrait que tout ce qui est napolitain est forcément mieux puisque napolitain.

On la mange le plus souvent avec des couverts en plastique. Moins l'endroit a de lustre, et plus elle a de chances d'être bonne. Les pizzerie n'ont souvent que cette spécialité à la carte, pas de desserts à proposer, pas même de café.
La pizzeria est le lieu des mélanges sociaux : à cette table un homme seul, costume cravate et attaché-case, à côté un couple de touristes asiatiques, derrière quatre filles bling-bling qui accompagneront leur repas de bière, dont la table sera ensuite occupée par quatre types en bleu de travail plein de peinture.
Une pizza de base peut se trouver à 3 €. Un soir, pour deux belles pizze (précédées d'une entrée offerte pour nous faire patienter) et deux boissons, l'addition était de seulement 12 €. C'était dans le quartier de Sanità, dont la réputation est mauvaise mais pas la pizza : ça vaut le coup (et le coût) de prendre des risques !*


Le pizzo. Il y a la pizza que l'on partage entre amis, et il y a la part de chiffre d'affaire qu'on verse à la Camorra. Le pizzo est le nom donné à "l'impôt" versé au crime organisé pour obtenir "protection".

De temps en temps, des commerces explosent dans des petites villes près de Naples. La presse ne l'écrit pas comme cela, mais on comprend que leurs propriétaires ont refusé de payer le pizzo.
Cette semaine, un prêtre dont la paroisse se trouve dans le quartier espagnol, a fait savoir qu'on lui avait demandé le pizzo. Enième polémique dans les médias... et un homme politique local qui dit que réclamer à une église, cela ne se fait pas. Comme si l'exiger des autres était acceptable.

Toute le monde y passe : sur le marché de la via Brin, illégal mais qui a lieu tous les dimanches matin, c'est 50 à 100 € par étal, 200 € si le marchand vient avec une fourgonnette. Toute l'activité économique est visée : le club de tennis est victime de racket, le coiffeur y va de sa coupe obole, le marchand de poules met au pot,  le découpeur de volailles verse sa quote-quote-part, les discothèques payent leur écot, et les pizzerie leur part.

Et nous tous, qui vivons ici, enrichissons indirectement les clans.


* Le quartier de Sanità serait un des quartiers tenus par la mafia. Il fut en mai le théâtre d'une exécution filmée par des caméras de surveillance et diffusée il y a quelques semaines sur YouTube, ce qui a permis l'arrestation du tueur. Pas plus de sentiment d'insécurité qu'ailleurs : cela fait trois mois maintenant que je vis ici, et je ne crois pas que Naples soit plus dangereuse qu'une autre grande ville. Pour le commun des mortels.

** Mise à jour du 8/12/09 : demain, la pizza napolitaine pourrait être consacrée comme specialità tradizionale garantita au niveau européen, façon de protéger la tradition (Il Mattino)

domenica 15 novembre 2009

Comment descendre du Vésuve ?

Dès l'arrivée à Naples, la présence massive du Vésuve fascine. Il est le compagnon de chaque visite de la ville et de sa région.

Le touriste est tenté d'en vaincre le sommet. Et se pose alors la question : comment monter le Vésuve ? L'anecdote qui suit montre que ce ne devrait pas être pas la seule question à se poser.


Comment monter sur le Vésuve ? Le Vésuve a deux sommets : Somma Vesuviana, et le Vésuve proprement dit. Le premier culmine à environ 1100 mètres, le second à 1281 ou 1282 m. Cela change selon les guides. Et aussi selon les époques : avant la fameuse éruption qui recouvrit Pompéi (et toute la région), il n'y avait qu'un seul ensemble massif, qui s'élevait à 2500 mètres. Il a explosé par étages successifs.

Sur les pentes du Vésuve, une route amène à 1017 m. Ce doit être l'une des rares voies de la région où l'on ne croise guère de scooters. Les voitures particulières ou les bus amènent leurs passagers à un petit parking à l'entrée du Parc National.* Il fut une époque où existait un funiculaire (!), dont la construction avait été célébrée par la fameuse chanson funiculi funicula.

Mario Lana... the worlds GREATEST TENOR ! - Funiculi, Funicula
Found at skreemr.com


Selon Qui Napoli, le guide bimensuel publié par l'office du tourisme de Naples, il existe deux excursions quotidiennes du volcan au départ de la ville de Naples. Après plusieurs tentatives et enquête, je suis en mesure de révéler qu'il s'agit d'une des (nombreuses) fausses informations de ce guide :~)

Des stations de train de Pompéi et Ercolano (Herculanum), il existe des bus assurant une liaison que l'on pourrait qualifier de régulière. Au départ de la première, huit à dix bus par jour sont annoncés. Au départ de la seconde, le trajet s'effectue par taxi-bus, mais on devrait plutôt l'appeler taxi-brousse : il ne part que quand il est plein.

Pour atteindre la cime, c'est cette solution que nous choisîmes. Coup de chance pour les personnes qui nous précédaient et à qui il avait été expliqué qu'ils allaient devoir attendre : en arrivant à quatre sur leurs pas, nous avons permis que la fourgonnette soit suffisamment chargée pour s'engager dans les lacets du Vésuve.

Lave-toi et marche. Une fois en haut après l'arrivée au parking, nous nous sommes engagés sur le sentier qui permet de rejoindre le cratère, et d'en longer environ la moitié. Plusieurs petites boutiques longent le chemin : il y a donc des gens qui pour rejoindre leur lieu de travail montent tous les jours sur un volcan !
On reste longtemps à observer le cratère béant et ses fumerolles. On contemple le paysage. On pique-nique... et on laisse un peu passer l'heure de rendez-vous qu'avait donné notre chauffeur pour le retour.
L'appuntamento était à 14 h 30, heure à laquelle nous étions au point le plus éloigné du parking. Nous avions estimé que la descente pouvait nous prendre une vingtaine de minutes. Mon expérience locale du respect des horaires m'ayant appris que ceux-ci sont relatifs, je m'étais dit que nous ne serions pas vraiment en retard, et que ce n'était pas la peine de courir ventre à cratère.

Notre taxi-brousse était parti sans nous attendre.


Comment descendre du Vésuve ? Notre conseil de guerre s'est tenu autour d'un café, au bar du parking (je n'ai pas fait attention à son enseigne, mais il doit certainement s'appeler Al Vesuvio). La commande fut l'occasion d'estimer avec la patronne nos chances de pouvoir redescendre.
Après notre pittoresque collation, occasion d'une discussion mi-amusée mi-consternée, C. et J. ont fait du porte-à-porte... aux autocars emmenant les groupes dont les voyages sont, eux, organisés. Pendant ce temps, O. et moi essayions petit à petit de nous décoller du très gentil monsieur qui nous faisait, dans son échoppe de cartes postales, l'historique de tous les funiculaires du Vésuve. C'est ainsi que nous avons appris qu'il a été reconstruit plusieurs fois.
Plutôt que d'attendre la prochaine reconstruction, nous avons fini par embarquer dans un car qui emmenait à Naples un groupe de touristes russes (bravo les filles !). Il n'y a donc pas que la lave qui descend le long du Vésuve, il y a aussi le slave.


La compagnie de taxi-bus qui opère la liaison s'appelle Vesuvio Express. Sa publicité vante ces services ainsi :
A y bien regarder, ils précisent bien qu'ils vous emmènent "sans problème" au Vésuve. Mais c'est vrai qu'il n'est pas écrit qu'ils vous ramènent sans difficulté.
Ah, et le prix, c'est 15 €, pas 10 comme indiqué. 15 euros l'aller, c'est du vol can même !!!


* Cette année, à l'occasion du centenaire du Giro (c'est comme le Tour de France, mais en Italie), une arrivée d'étape se faisait-là haut. C'est Carlos Sastre qui a gagné ce que l'on pourrait appeler un cratérium cycliste !

sabato 7 novembre 2009

"Voir Naples et mourir"

"Vedi Napoli e poi muori". Selon Wikipedia, les habitants utilisent cette formule (bien connue !) "pour souligner la beauté de leur ville… qu'il faut avoir vue au moins une fois dans sa vie" (pour le jeu de mots sur lequel est basée l'expression, voyez la notice Wikipedia en question).

A Naples, la mort est à tous les coins de rue :


On Naplique pas les règles. "DIVIETO DI AFFISSIONE" : sous ces petits panneaux d'acier fichés dans les murs, sur lesquels est donné l'ordre, en rouge, de ne pas afficher, on trouve... des affiches. Il s'agit de faire-part de décès.

Une grande partie de la vie se passe dans la rue ; la rue est aussi celle qui annonce, aux croisements, les nouvelles les plus tristes.

Ces affiches en noir et blanc au format A5 se trouvent souvent à côté d'autres, A4 bicolores, qui présentent des logements à la vente ou à la location.

En y réfléchissant, c'est vrai qu'il peut y avoir un rapport entre les premières et les secondes...


Trépas sans balles ? A Naples, la mort est à tous les coins de rue. Depuis mon arrivée, la presse évoque de temps à autre des assassinats par arme à feu, le plus souvent des règlements de compte entre bandes organisées. La mort d'un chef de famille est saluée par des feux d'artifice, comme il y a quelques semaines après le décès par balles d'un "parrain" tué sur son lit d'hôpital.
Scènes typiques de la vie locale ? Dans le même temps, la grippe A a plus tué à Naples (une dizaine de personnes souffrant d'autres maladies sont décédées dans la ville alors qu'elles avaient le virus).
Le taux de criminalité ici serait le plus élevé d'Europe. C'est certainement vrai, car il y a plus d'un institut médico-légal dans la ville. Mais les médecins qui y travaillent doivent aussi être beaucoup sollicités pour tous les accidents de deux roues, dont les conducteurs sans casques klaxonnent aux carrefours aveugles plutôt que d'y ralentir. A Naples, la mort est vraiment à tous les coins de rue.


Agrandir le plan

Agrandir le plan
Il y a plusieurs entreprises de pompe funèbre en face du tribunal de Naples. C'est pratique.

Naplons pas un chat un chat. «Sì, hanno ucciso mio marito. Qual è il problema?» ("Oui, ils ont tué mon mari. Quel est le problème ?") : c'est ce qu'a déclaré à la presse l'épouse d'un homme abattu dans la rue, en mai dernier, dans le quartier Sanità à Naples.
C'est par les medias que l'on apprend que la loi du milieu a été mise en oeuvre. Les morts violentes qui font les titres des journaux semblent être vécues comme les autres faits divers qui font l'actualité - le problème des déchets, l'incompétence des décideurs publics, la corruption... - : avec fatalisme.

Tout l'inconscient de Naples est bâti sur le drame qui peut survenir à tout instant : la ville est au pied du Vésuve, dans la zone où le risque sismique est le plus élevé au monde. Nous sommes un million d'habitants à vivre dans une cité sur laquelle le volcan porte son ombre chaque matin.

giovedì 15 ottobre 2009

J'en Napels à la tendresse... (la conduite des Napolitains)

A Naples, le nombre d'habitants est inversement proportionnel à la taille des voies de circulation. Les trottoirs, déjà réduits, sont pleins de scooters ou de gens qui s'arrêtent pour  discuter. Quand les rues ont deux voies, leur largeur n'est guère que d'une voie et demie. Les bus eux-mêmes sont pour la plupart étroits, comme une espèce qui se serait adaptée à son environnement.

Je suis irrital et je le reste. C'est dans cet univers que le na-pilote-ain passe le plus enfumé de son temps. Sur la route, chacun donne sa propre interprétation du code, avec consensus sur le fait qu'il n'est pas nécessaire de stopper à certains feux rouges. A ces endroits, les rares qui s'essayent à marquer l'arrêt subissent invariablement des réprimandes klaxonnées.
Mais de façon générale, conduire à Naples revient à klaxonner et se faire klaxonner. Comme le geste accompagne la parole, on ponctue sa conduite de son avertisseur.

Le klaxon indique aussi l'arrivée du scooter à un carrefour aveugle, probablement pour signaler qu'il s'en approche ; sachant que celui qui arrive de la perpendiculaire fait exactement la même chose dans le même but. C'est aux carrefours que l'on comprend que nombre de Napolitains sont superstitieux, ainsi que leur penchant à croire aux miracles.

On Naple-ique pas les règles. Une fois sorti des grands axes, il n'y a plus vraiment de règles de circulation. Il n'y a qu'un principe : il faut que ça avance !!! Au carrefour engorgé on s'engage quand même, centimètre par centimètre. Dans une voie piétonne, on essaie de progresser en flirtant avec les genoux des passants. Dans les rues qui montent, les scooters ont besoin de se lancer à pleine vitesse - d'autant plus qu'ils supportent souvent le poids de trois passagers - et s'engagent donc le plus vite possible, en klaxonnant de façon continue pour espérer que les piétons s'écartent et conserver l'allure (les passants sont forcément sur la route, les trottoirs étant inexistants ou impratiquables). Pour traverser une rue là où il le peut - donc partout -, le piéton teste la capacité du véhicule qui arrive à s'arrêter pendant que ce véhicule teste la possibilité qu'aura ce piéton de reculer.

Il faut que ça avance ! Quand on klaxonne son prochain, ce n'est pas pour lui reprocher d'avoir enfreint une règle. Au contraire, un comportement contraire au code de la route attire plutôt la sympathie. Pourquoi jouer de l'avertisseur contre une personne garée en double file, alors que l'on pourrait y être soi-même ? On ne klaxonne que quand un conducteur ne contribue pas à l'avancement. Car IL FAUT QUE CA AVANCE !

Il faut que ça file ! Et cela ne s'arrête pas à la voirie. Dans les files d'attente, bien souvent le Napolitain fait comme sur la route : il double. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis resté interloqué de voir des gens me passer. Les Britanniques, connus pour leur discipline dès que se forme une queue, perdraient ici leur légendaire flegme...
Mon regard réprobateur attire trois types de réaction :
- celle qui consiste à s'étonner ou faire semblant de s'assurer que j'étais bien devant,
- celle qui consiste à s'étonner ou faire semblant de s'assurer que j'étais bien devant, mais en passant quand même,
- celle qui consiste à se justifier d'être passé devant.
Hier, un Italien du sud m'expliquait que la file n'existe pour lui que s'il la perçoit effectivement. Autrement dit seulement s'il y a un nombre critique de personnes semblant massées les unes derrière les autres. Ce qui expliquerait pourquoi je me suis fait tant de fois dépasser.
Pour marquer le fait que l'on est devenu prioritaire au comptoir, une fois doublées les personnes qui en sont proches, il semble qu'il faille poser les mains sur celui-ci (dans le cas d'un présentoir un verre, les placer contre). Je ne sais pas faire.

On conduit dans la rue comme on se conduit dans la vie.

domenica 11 ottobre 2009

Cacophonapoli

Tapage s'emballe. Naples n'est que bruits : klaxons de scooters, pots d'échappement crevés, klaxons de voitures, mégaphones des maraîchers ambulants, voix qui interpellent d'un trottoir à un autre ou d'un balcon à un autre, klaxons fatigués des taxis, cornes de brume des bateaux de croisière, crécelles des tramways, sirènes des services de secours, cloches des nombreuses églises, klaxons de camions... Le mot tintamarre a dû être inventé ici, en baie de Naples.

Nap* au lit. Et puis cela s'apaise, un peu, de 14 à 16 heures, alors que ferment nombreux magasins et bureaux. C'est aussi pour certains l'heure de la sieste... dont un natif m'a soutenu qu'elle avait été imposée à la ville sous l'occupation espagnole !**
Il existe même un mot qui décrit ce moment de relative relâche de la ville : la controra.

Repos dominicalcio.*** Par contraste, le dimanche paraît bien calme... Le seul jour où l'on entend distinctement le moteur des avions.
Le trafic est faible, l'activité économique s'arrête. Résonnent les nombreuses cloches appelant les croyants à leur devoir le matin, et l'après-midi les "oooh" de ceux qui regardent le match à la télévision - et leur clameur à l'unisson dans toute la ville quand est marqué un but , qui fait exploser la cité (et aboyer les chiens). Ce n'est pas le Vésuve, mais c'est une éruption vraiment saisissante.****


* "nap" : sieste en anglais
** La ville a été sous domination espagnole de la moitié du quinzième siècle au début du dix-huitième
*** calcio : football
**** Mais bien rare, car l'équipe de Naples ne semble pas briller par ses résultats cette année

venerdì 9 ottobre 2009

Espresso


6 octobre, lever du soleil derrière le Vésuve, vers 6 h 30

Une heure plus tard

Une heure et demie plus tard

Trois heures et demie plus tard

Sept heures et demie plus tard

Huit heures et demie plus tard

Neuf heures plus tard

Onze heures et demie plus tard

Douze heures trente plus tard, le bateau de croisière que l'on voit arriver sur la première photo s'en va... Des touristes, principalement américains, se seront égaillés pendant quelques heures aux abords immédiats du quai où on les débarqués. Ils n'auront pas vu Naples... Mais Naples les aura bien vus !

domenica 4 ottobre 2009

Napolitrain-train

Prendre le train. Stazione Centrale, gare principale de l'Italie du Sud.
Des milliers de personnes grouillent, comme dans toutes les grandes gares.
Des centaines de trains pour toute l'Italie et ailleurs.
25 quais.
6 distributeurs automatiques de billets.
4 fonctionnent...

La première fois que j'y ai pris un train, j'ai demandé à un employé appuyé sur un pilier du quai n° 20 d'où je partais, où je pouvais composter mon billet. Il a regardé autour de lui, visiblement pas plus au courant que moi, et a désigné deux appareils au quai n° 17.
Ils étaient hors service.
A ce jour, les seuls que j'ai trouvés en état de marche se trouvent sous un pilier à une trentaine de mètres du quai 15.

Prendre un bus. La plupart des bus urbains, interurbains, ou des lignes nationales ou internationales, partent ou marquent un arrêt Place Garibaldi. A priori c'est pratique.
Mais nul ne sait vraiment où s'arrêtent ni d'où démarrent chacun de ces bus. Et la Piazza Garibaldi fait un demi-kilomètre carré !
Déjà étroits, ses trottoirs le sont plus encore avec les étals des vendeurs à la sauvette (comme ils sont toujours là, l'expression doit bien sûr se comprendre à la manière locale). Sur ces trottoirs essaient donc de cheminer des gens qui ont l'air de savoir où ils vont, et d'autres qui cherchent des indications.
Cela doit faire longtemps qu'ils tournent, car de panneaux il n'y a point.
Il existe un bureau d'informations ouvert à certaines heures, avec dedans des gens qui savent. Je me suis un jour trouvé face à ce kiosque, par hasard évidemment puisqu'il n'est pas indiqué.

Prendre le bon bus. Le bus que je cherchais Piazza Garibaldi ne partait pas de l'endroit mentionné sur la carte éditée par la régie des transports.
Car le transporteur lui-même ne semble pas avoir une vue claire de ses propres dessertes. Pour chaque ligne, sont indiqués les lieux principaux où est censé passer chaque bus : une place, un carrefour important... Entre ces lieux, on trouve des fermate (arrêts qui - surprise ! - sont signalés par un panneau), d'une utilité relative car il est souvent possible de monter ou descendre où l'on veut en s'arrangeant avec le conducteur.

Prendre ça avec philosophie. Dans le bus on s'interpelle on pousse on hèle quelqu'un pour qu'il appuie sur le bouton "Stop" ou alors on crie au chauffeur qu'on veut descendre et on crie encore plus fort quand on voulait descendre. Le bus est la continuation de la rue ; ses places assises un café sans les consommations.

Prenez, ceci est mon billet. Quand on est en correspondance, il ne faut pas valider à nouveau. Montant dans un bus à peine bondé, j'avais eu le sentiment d'être jugé par mes futurs compagnons d'expédition qui avaient observé que je compostais pas.
Avant qu'elle ne descende, une dame qui ne m'avait jusque là pas adressé la parole m'a spontanément proposé son ticket.

Prendre un bus interurbain. Les tickets ne s'achètent pas à bord. Au chauffeur qui me l'apprit, j'ai demandé où je pouvais me procurer un sésame. Il m'a invité à monter, et proposé de m'emmener au prochain Tabbachi où l'on en vend. Arrivé devant chez ce débitant, j'ai une nouvelle fois remercié le chauffeur en lui disant au revoir. C'est là qu'il m'a dit que, non, il m'attendrait ! Et c'est ainsi que, pendant le temps de mon achat, mon chauffeur et son chargement patientaient...
De façon générale, les Napolitains aiment rendre service.

Prendre un taxi. J'évite désormais :~)

Prendre un funiculaire. Naples s'étage sur plusieurs niveaux. Pour joindre le Naples d'en haut et le Naples d'en bas - la distinction n'est pas que géographique, elle est aussi sociale - il existe plusieurs funiculaires (dont un que des cartes indiquent encore mais qui est pourtant désaffecté depuis longtemps). Le funicolare centrale fonctionne jusque minuit et demi, sauf le lundi et le mardi où il s'arrête à 22 heures. Le funicolare Chiaia fonctionne jusque minuit et demi, sauf le mercredi et le jeudi où il s'arrête à 22 heures.
Nul n'a encore su m'expliquer pourquoi.


Prendre un métro. J'ai lu dans un guide que Naples était particulièrement bien équipée, puisqu'elle compte six lignes de métro. En fait, il y en a deux : la première s'appelle Ligne 1, et la seconde Ligne 6.
Cette dernière n'est pas un métro mais un train ; dans un sens son dernier départ est vers 23 h 30, dans l'autre à 21 h 14.

Prendre ses jambes à son cou. Non, en cas de mauvaise rencontre, il est plutôt recommandé d'obtempérer.

Prendre son temps. Pour se repérer dans les transports, et plus généralement dans la ville, dans les administrations, à la fac, etc. il vaut mieux ne pas s'attendre à trouver des panneaux.
Alors on demande et souvent la personne, satisfaite d'aider, termine en général ses indications par : "et quand tu arrives là, tu demandes". Alors on redemande.

Ma théorie, c'est qu'il ne viendrait à l'idée de personne ici d'écrire des indications. Sinon, on perdrait autant d'occasions de pouvoir discuter ! Avant même qu'on ne lui ait demandé son chemin, il n'est pas rare que le Napolitain cherche à savoir où on va, veuille aider (même si, souvent, il n'en sait pas plus...), demande ce que l'on fait là, ce que l'on fait dans la vie et papoti et papota.
Pour faire faire un double de clefs, comptez une vingtaine de minutes : trois à cinq pour faire les clefs, le reste pour converser. Pour faire refaire une couture : une minute, cinq fois plus pour raconter sa vie.

Prendere un giro.*  Littéralement, cette expression italienne signifie "prendre un tour", mais en fait cela veut dire "faire une blague". Finalement, c'est un bon raccourci !

*Mise à jour : j'ai commis une erreur, on dit "prendere in giro" (voir en commentaire)

mercoledì 30 settembre 2009

Feu à volonté

A Naples, on aime faire parler la poudre. Il est un commerce qui marche bien ici : celui des feux d'artifice. Selon les pages jaunes, il y aurait plus d'une dizaine de magasins vendant exclusivement ces explosifs. La ville ne pétarade pas seulement de scooters.

Ca tire de partout !
Il m'est arrivé d'observer trois feux d'artifice en même temps. Pas des lancers organisés par la ville dans le cadre d'une manifestation et à une heure précise, non. Des tirs anarchiques (mais il est tellement de choses ici qui peuvent recevoir ce qualificatif...) fusant des quartiers les plus peuplés, en plein milieu des habitations.
On les allume à toute heure de la nuit... et du jour ! Oui, du jour. Lundi, j'en ai observé un vers 7 heures du matin... Et samedi, d'un même lieu on en a tiré quatre ou cinq dans l'après-midi :


Les sémaphores, c'est leur fort. Dans une ville si bruyante faut-il, pour célébrer un événement, frapper fort pour couvrir le niveau sonore ambiant ? Ou alors, vivre à l'ombre du Vésuve ferait-il se développer le goût pour les éruptions diurnes ? M'étonnant de l'appétence locale pour les feux d'artifice auprès d'une habitante, celle-ci m'a confié qu'il se dit qu'il s'agirait aussi d'un moyen de communication "pour eux".

Ici on ne "les" nomme pas.

Pour avoir vu de nombreux publiphones à pièces dans toute la ville, j'en avais déduit qu'ils subsistaient pour les appels anonymes. Je me demande bien quelle peut être la signification de cette version locale des signaux de fumée. En tout cas, voilà ce qui s'appelle être de mèche !

domenica 27 settembre 2009

Pour ne pas marcher dans la combine ?


(en même temps, quand on s'affiche dans ce genre de manifestation, mieux vaut savoir courir vite !)

domenica 20 settembre 2009

Mais que fait Napolice ???


Les véritables moyens de transport en commun à Naples, ce sont les scooters. On y prend place à deux, souvent trois, et parfois quatre ! Ils servent aussi à transporter des marchandises.
Les scooters ne vont pas droit(s) et les prennent tous : remontée de sens unique, progression sur les trottoirs, vitesse élevée dans les quartiers piétonniers...

En semaine, avant et après l'école, le père ou la mère emmène un ou deux enfants à bord. Quand il y a trois passagers, il est habituel de voir parmi eux un bambino. Il se trouve sur le siège entre deux adultes, ou plus souvent debout sur la plateforme, entre le conducteur et le guidon. Dans ce dernier cas cas, souvent il sourit.
Combinez les deux dernières formules, et vous mettez une famille de quatre sur un Vespa.
Le plus souvent, tout ce petit monde est sans casque [les photos qui suivent, prises en quelques minutes à un même carrefour, ne sont pas représentatives - cliquer pour agrandir] :




Le goût pour les deux-roues naît visiblement très tôt à Naples :


[sur cette dernière photo, les vélos bleus à droite sont aux couleurs du SSC Napoli, l'équipe de football]

venerdì 18 settembre 2009

Napulizia*

Allons enfants de la pas tri. A Naples, on pratique le tri sélectif : il y a des choses que l'on jette chez soi, et d'autres par la fenêtre.
Dans le centro storico où j'ai passé mes premières nuits napolitaines, j'ai régulièrement vu des mouchoirs, papiers, ou autres, passer par les balcons. Ce n'est pas le seul quartier où on pratique l'épollué-jeté.
Les trottoirs ont un relief particulier. Au lieu des classiques crottes de chiens laissés par leurs propriétaires à Paris ou à Nice, les marciapiedi de Naples présentent une grande variété : ici un canapé éventré, là des chiffons sales, plus loin un ensemble de résidus indéfinissables.

 

Déchets uomo. Pourrait-on faire la sociologie de la ville au travers de ses restes ? Ce matin, une retraitée qui a passé toute sa vie à Naples m'expliquait que le manque de respect pour leur ville caractérise ses habitants. Elle ne s'explique toujours pas leur inconséquence. D'autant moins, me disait-elle, que quand ils vont ailleurs, ils se comportent correctement.

Les violents orages du début de semaine n'ont pas suffi à rincer la ville. Sa décrépitude contribue à son caractère. Les quotidiens consacrent régulièrement des articles à la "gestion" des déchets [aujourd'hui encore, dans Il Mattino].


Tousse ensemble, tousse ensemble, ouais, ouais ! J'ai découvert Naples à la mi-août, période la plus calme de l'année. Il y avait eu un pic de pollution, alors que de nombreux Napolitains avaient quitté la ville avec leur voiture, et que l'activité économique était au ralenti (la plupart des magasins sont fermés à cette époque). "La cause est à chercher ailleurs", expliquait un spécialiste dans un journal local. Et d'évoquer le trafic maritime dans le port.

"La cause est à chercher ailleurs" ? J'ai lu que la mafia contrôle une part importante de la fabrication du pain, cuit dans des caves dans des fours toxiques [voir ce récent article sur la découverte de 180 fours illégaux]. Et l'on sait que le crime organisé a depuis longtemps la main mise sur les déchets. La mafia a visiblement aussi réussi à enfumer les esprits...

A Naples, on tousse. Et même les rats n'ont pas l'air en forme.

* pulizia : la propreté

domenica 13 settembre 2009

A bon port


Le port de Naples

On m’avait mis en garde, et pourtant… Je suis arrivé à Naples au milieu des coups de feu, dépouillé de 200 euros en pleine nuit, et la tête en sang.

L’avion est arrivé vers 22 h 45. A 23 h, c’était le point d’orgue de Piedigrotta, les festivités annuelles de la ville. Commencées le 3 septembre, celles-ci se terminaient par un feu d’artifice en bord de mer.
Je devais récupérer les clefs de l’appartement Via Posillipo, pour ensuite me rendre Corso Vittorio Emanuele. La première se trouve au bout de la ville, et longe la mer. La seconde est une desserte permettant de joindre est et ouest. La ville de Naples est très étendue.
On m’avait bien recommandé de prendre un taxi officiel, ce que j’ai fait. Il a fallu insister pour qu’il mette le tassametro (compteur), mais il l’a fait. J’avais pris son numéro : comme j’avais 40 kg de bagages, je craignais qu’il ne profite du temps pendant lequel je devais récupérer les clefs pour s’éclipser…
Mais Luigi m’a attendu. Après notre « escale », on a discuté, longuement, sur la route. Il faut dire qu’on a eu le temps : nous nous sommes retrouvés coincés dans le trafic d’après les feux d’artifice…
Mon arrivée dans la ville aura moins été saluée par les explosions des fuochi, que marquée par le défilement des chiffres lumineux du compteur. Les bouchons, c’est déjà très long, mais alors les bouchons tarifés… A se demander si j’ai bien fait d’insister pour qu’il le mette en route : si on s’était entendu sur un prix au départ, ç’aurait peut-être coûté moins cher ?
Il était passé 1 h du matin quand je suis arrivé. Luigi a arrondi à 200 € – oui, à son avantage – ce que j’aurai du mal à appeler une « course ».

L’entrée de l’immeuble est une grande porte cochère, à l’intérieur de laquelle est aménagée une porte plus petite. En enjambant le pas de cette petite porte, je n’ai pas vu qu’elle était basse. J’ai maintenant une plaie sur le sommet du crâne.

La légende s’est donc vérifiée : Naples n’est vraiment pas sûre !