venerdì 4 dicembre 2009

Dans la vie, il y a des "o" et il y a des "a"

La pizza. La pizza napolitaine est vraiment bonne.** Ce n'est pas une légende destinée à attirer les touristes, ni un reflet de la fierté locale qui voudrait que tout ce qui est napolitain est forcément mieux puisque napolitain.

On la mange le plus souvent avec des couverts en plastique. Moins l'endroit a de lustre, et plus elle a de chances d'être bonne. Les pizzerie n'ont souvent que cette spécialité à la carte, pas de desserts à proposer, pas même de café.
La pizzeria est le lieu des mélanges sociaux : à cette table un homme seul, costume cravate et attaché-case, à côté un couple de touristes asiatiques, derrière quatre filles bling-bling qui accompagneront leur repas de bière, dont la table sera ensuite occupée par quatre types en bleu de travail plein de peinture.
Une pizza de base peut se trouver à 3 €. Un soir, pour deux belles pizze (précédées d'une entrée offerte pour nous faire patienter) et deux boissons, l'addition était de seulement 12 €. C'était dans le quartier de Sanità, dont la réputation est mauvaise mais pas la pizza : ça vaut le coup (et le coût) de prendre des risques !*


Le pizzo. Il y a la pizza que l'on partage entre amis, et il y a la part de chiffre d'affaire qu'on verse à la Camorra. Le pizzo est le nom donné à "l'impôt" versé au crime organisé pour obtenir "protection".

De temps en temps, des commerces explosent dans des petites villes près de Naples. La presse ne l'écrit pas comme cela, mais on comprend que leurs propriétaires ont refusé de payer le pizzo.
Cette semaine, un prêtre dont la paroisse se trouve dans le quartier espagnol, a fait savoir qu'on lui avait demandé le pizzo. Enième polémique dans les médias... et un homme politique local qui dit que réclamer à une église, cela ne se fait pas. Comme si l'exiger des autres était acceptable.

Toute le monde y passe : sur le marché de la via Brin, illégal mais qui a lieu tous les dimanches matin, c'est 50 à 100 € par étal, 200 € si le marchand vient avec une fourgonnette. Toute l'activité économique est visée : le club de tennis est victime de racket, le coiffeur y va de sa coupe obole, le marchand de poules met au pot,  le découpeur de volailles verse sa quote-quote-part, les discothèques payent leur écot, et les pizzerie leur part.

Et nous tous, qui vivons ici, enrichissons indirectement les clans.


* Le quartier de Sanità serait un des quartiers tenus par la mafia. Il fut en mai le théâtre d'une exécution filmée par des caméras de surveillance et diffusée il y a quelques semaines sur YouTube, ce qui a permis l'arrestation du tueur. Pas plus de sentiment d'insécurité qu'ailleurs : cela fait trois mois maintenant que je vis ici, et je ne crois pas que Naples soit plus dangereuse qu'une autre grande ville. Pour le commun des mortels.

** Mise à jour du 8/12/09 : demain, la pizza napolitaine pourrait être consacrée comme specialità tradizionale garantita au niveau européen, façon de protéger la tradition (Il Mattino)

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