venerdì 18 dicembre 2009

L'espace public

Sur les trottoirs les plus passants, sur les piazzette et parfois même sur le bord de la route, les vendeurs présentent leur bric-à-brac sur des étals de fortune. Si le présentoir a des pieds, les produits de la vente sont peut-être légaux. Si c'est une boîte en carton qui sert de support, c'est moins sûr. Quand le vendeur expose ses objets sur un drap, c'est pour pouvoir former en toute hâte un baluchon quand le guetteur prévient de l'arrivée de la police.*

L'espace public sert à tout et à tous. Il est le support d'activités plus ou moins parallèles. A côté de chez moi, deux garages sans enseigne exercent leur objet social sur le trottoir de 140 centimètres devant leur local qui ne pourrait faire entrer une voiture. Quand ils repeignent une pièce de carrosserie ou une carcasse de scooter, c'est contre un mur de la ville dont la couleur est désormais indéfinissable tant il a reçu d'éclats.

Sous mes fenêtres se trouve un espace de stationnement aménagé par la municipalité, dont un panneau à l'entrée indique qu'il est payant. Il l'est dans les faits... mais l'argent ne va pas à la ville de Naples. S'en "occupe" du lundi au samedi un homme à qui l'on confie ses clefs, qui range lui-même les véhicules côte à côte et optimise ainsi le stationnement. C'est "son" parking, et personne ne lui en conteste l'occupation (il est d'un fort gabarit... et peut-être protégé aussi, car la police municipale ne passe jamais par là). Dixit une amie napolitaine : "au moins, il travaille !"
Pendant ce temps, la ville de Naples est au bord de la faillite.

L'espace public sert à tout et à tous. On y trouve des chaises prêtes à accueillir le premier venu, qui peuvent aussi servir à réserver "sa" place de stationnement. On y trouve, trop souvent, des déchets. On y trouve des étendoirs pour le linge, souvent attachés par une ficelle à un volet ou à une gouttière, antivol de fortune. Dans le quartier espagnol, les vêtements des habitants du rez-de-chaussée sèchent sur le trottoir à la vue de tous.

L'espace public, c'est aussi un peu de l'espace privé de chacun : comme on vit beaucoup sur le pas de la porte, sur les balcons, sur les terrasses, comme on est constamment sous le regard des Napolitains, la frontière entre le domaine public et le chez soi est floue.

L'espace public est privatisé, mais par tous et c'est ainsi qu'il est public.


* Cela dit, l'application de la loi semble différente selon les quartiers : à Vomero, les vendeurs se replient en cas d'alerte, tandis que sur la Via Toledo, principal axe commerçant, la voiture de la Guardia di Finanza passe entre les vendeurs de sacs Vuitton contrefaits, visiblement indiffénte (ou lassée ?).

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